Chapitre 12

S'absoudre de ses crimes imaginaires

Trouver sa propre voie vers

la santé psychologique

J'avais besoin d'abord de me renouveler, de trouver une nouvelle façon de sonder Le fond de moi-même. J'avais perdu près de trente sept ans à croire en l'image que je m'étais faite de moi-même. le m'étais piégé moi-même en croyant, à la lettre, à la définition que mes parents avaient formulée de moi. Ils m'avaient déjà défini, déchiffré, comme s'il s'était agi d'un mystérieux hiéroglyphe, et j'avais passé ma vie à tenter de correspondre à cet être illusoire qu'ils avaient inventé. Ils avaient réussi à faire de moi l'exact reflet de ce dont ils avaient besoin à cette époque.

PAT CONROY, Le prince des marées

En lisant les premiers chapitres de ce livre, il est fort possible que vous ayez compris certaines choses à propos de votre propre vie. Les éléments clés de la Control Mastery Theory convictions menaçantes inconscientes, crimes imaginaires, identification et acquiescement - vous ont peut-être déjà aidé à comprendre vos patterns psychologiques. Pour certains de nos lecteurs, cela sera suffisant. D'autres souhaiteront peut-être poursuivre le processus d'auto-exploration en effectuant les exercices compris dans ce dernier chapitre.

Lorsque les chercheurs travaillant dans le cadre de la Control Mastery Theory étudient un client en thérapie, ils préparent un document écrit détaillé qui donne les grandes lignes du plan inconscient de ce client pour sa croissance psychologique: il s'agit de la "formulation du plan".

Si vous désirez formuler votre propre plan de santé psychologique, il vous faudra examiner - et, si désiré, écrire - les quatre éléments qui le constituent: vos buts, vos obstacles, vos tests et vos idées.

* Buts - ce que vous aimeriez le plus accomplir dans la vie. Vous pouvez avoir des buts à long terme et d'autres à court terme. Par exemple, une personne qui, à long terme, désire devenir cadre supérieur souhaitera peut-être, à court terme, apprendre à être à l'aise et à bien se tirer d'affaire lors d'une entrevue pour un emploi. Une personne visant, à long terme, à approfondir le lien qui l'unit à son conjoint et à réduire les conflits qui les opposent souhaitera peut-être, à court terme, apprendre à l'écouter sans l'accuser et sans être sur la défensive.

* Obstacles - ce sont les barrières qui bloquent la voie menant à la réalisation de vos buts. Il s'agit des dangers que vous redoutez inconsciemment, tant pour vous que pour les autres, dès lors que vous vous permettez de poursuivre vos buts les plus importants.

* Tests - dans le sens où l'entend la Control Mastery Theory, ce sont les comportements visant à réfuter vos convictions menaçantes inconscientes par une interaction avec les autres. Si les autres échouent à votre test, vous garderez ces convictions. Mais s'il réussissent, vous serez peu à peu en mesure d'accepter le fait que vos convictions menaçantes étaient fausses.

0 Idées - toutes interprétations et explications qui peuvent vous aider à vous absoudre de vos crimes imaginaires ou à vaincre vos convictions menaçantes inconscientes: compréhension des liens existant entre votre comportement présent et vos expériences d'enfant, compréhension de votre identification à votre père ou à votre mère, ou aux deux, compréhension enfin des manières dont vous avez acquiescé aux messages négatifs de votre père ou de votre mère.

Une fois que le thérapeute travaillant dans le cadre de la Control Mastery Theory a compris ces quatre éléments du plan de son client, il lui est possible de faire des interventions plus utiles. De même, plus vous approfondirez ces quatre éléments, plus vous serez capable d'éclaircir vos pensées, vos sentiments et vos comportements les plus gênants. Au fur et à mesure que vous comprendrez ce qui se passe en vous, il vous sera de plus en plus facile d'éviter d'être pris au piège de vos patterns habituels d'autopunition et d'échec. Mais avant de nous engager dans les diverses étapes de l'élaboration de votre propre plan, voyons-en d'abord un exemple.

Le plan inconscient d'Henri

Revenons au cas d'Henri, le cadre supérieur d'une compagnie de produits chimiques dont nous avons parlé au chapitre 2, qui sabotait son propre succès au travail en oubliant d'accomplir des tâches essentielles chaque fois qu'on songeait à lui accorder une promotion. Henri avait inconsciemment l'impression qu'en accédant à un poste supérieur il allait surpasser son père. Il se sentait également inconsciemment coupable envers ses frères d'avoir volé l'amour des parents à leur détriment. En outre, il provoquait sans cesse de vaines querelles entre lui et sa petite amie en se montrant beaucoup trop critique et dominateur. Pendant sa thérapie, Henri fut étonné et attristé de découvrir qu'il traitait sa petite amie exactement comme son père avait traité sa mère.

Quels étaient les éléments du plan inconscient d'Henri?

À long terme:

• Être capable d'avoir une vie professionnelle pleine et satisfaisante;

• Se marier et fonder une famille.

À court terme:

• Mettre fin à ses inexplicables oublis et autres conduites d'échec au travail;

• Cesser de provoquer d'absurdes querelles entre lui et sa petite amie.

Obstacles à vaincre:

Il croyait qu'en réussissant comme cadre supérieur, il se rendrait coupable de trahison envers les siens - tous des cols bleus.

Il croyait qu'en obtenant une promotion il se rendrait coupable de surpasser son père et ses frères.

Il se sentait coupable d'avoir volé l'amour de sa mère à ses frères dont il était manifestement le chouchou.

Il croyait que s'il permettait que sa relation avec sa petite amie s'affermisse, il se rendrait coupable de l'abandon de sa mère, dont le bonheur dépendait tellement du lien étroit qu'elle avait avec son fils.

Il croyait qu'en ayant une relation intime, affectueuse et paisible avec sa petite amie, alors que la relation entre ses parents étaient tendue et conflictuelle, il les surpasserait.

Tests:

De temps à autre, il parlait à son père de ses réussites professionnelles pour voir si ce dernier allait se montrer humilié ou vindicatif.

Il parlait fréquemment à ses amis de ses réussites pour voir si cela les rendrait jaloux ou furieux.

Au cours de ses séances de thérapie, il se vantait de ses prouesses sexuelles ou sportives pour voir si son thérapeute se montrerait jaloux ou critique.

Idées:

Il finit par comprendre que bon nombre de ses problèmes étaient fondés sur sa conviction que son succès provoquerait le malheur des siens. Cette conviction était elle-même fondée sur une expérience réelle - son père et ses frères l'ayant en effet fréquemment puni, rejeté et attaqué en raison de ses succès. Mais malgré tout, après tant de temps, il n'allait pas leur faire de mal par le simple fait de réussir.

Il se rendit compte peu à peu des liens qui existaient entre ses négligences au travail et son désir d'éviter de surpasser son père et ses frères.

Il s'aperçut que sa conduite d'échec - tant au travail que dans une relation personnelle - provenait en grande partie de ce qu'il imitait le comportement de son père. En s'efforçant d'éviter de surpasser son père, il reproduisait les patterns de comportement négatifs de celui-ci.

• Il comprit qu'étant le fils préféré de sa mère il se sentait responsable de son bonheur. Il avait l'impression qu'en réussissant à établir un lien étroit avec sa petite amie il allait détruire celui qu'il avait avec sa mère.

• Il comprit peu à peu qu'il avait l'impression qu'en ayant une bonne relation avec sa petite amie il surpasserait ses parents qui semblaient si malheureux ensemble.

Ce n'est qu'un début

L'exercice de formuler un plan n'est pas destiné à produire des résultats immédiats. Vous ne devriez pas vous inquiéter si vous êtes dans l'incapacité d'identifier immédiatement chaque détail de votre plan de santé psychologique. Le processus qui nous permet de devenir conscients de faits jusqu'alors inconscients est complexe et réclame du temps. Les interprétations et explications solides ne nous viennent ni rapidement ni aisément.

En effet, cet exercice devrait être considéré comme faisant partie intégrante d'un processus plus étendu qui se poursuivra pendant plusieurs années. Mais, même si votre première formulation d'un plan semble provisoire ou incomplète, peut-être sera-t-elle tout de même fort utile pour vous orienter vers des réflexions plus poussées.

Formulation d'un plan

Sur quatre feuilles blanches, écrivez les titres suivants : Buts, Obstacles, Tests et Idées. En lisant l'exercice qui suit, faites un premier brouillon de votre plan de santé psychologique.

Buts

Nous avons dans la vie des buts essentiels semblables: besoin d'intimité; besoin de nourriture; besoin de prendre soin de nos enfants; besoin de sécurité financière; besoin de nous exprimer de façon satisfaisante.

Certains de nos objectifs ne nous causent aucune difficulté. Même si nous savons qu'il nous faudra beaucoup de temps pour les atteindre, nous nous sentons tout à fait capables d'y parvenir. Mais, pour la plupart d'entre nous, il existe des buts qui demeurent hors d'atteinte. Nous avons beau essayer, il semble que, dans certains domaines, nous ne soyons pas capables de nous prendre en main.

Pour les fins de cet exercice, dressez la liste de vos objectifs les plus problématiques. Ce sont les buts que vous semblez poussé à saboter.

Incluez aussi bien les buts touchant des comportements que des sentiments. Les objectifs de comportement peuvent inclure des comportements que vous aimeriez être capable d'avoir (par exemple vous concentrer très fort sur vos études de droit) et d'autres auxquels vous aimeriez mettre fin (boulimie). Peut-être y a-t-il des sentiments que vous aimeriez commencer à éprouver (joie) et d'autres que vous aimeriez cesser de ressentir (anxiété chronique).

Exemples d'objectifs au niveau du comportement:

• je veux être capable de fréquenter des partenaires convenables.

• je veux être capable de finir mon travail à temps.

• je veux être capable de cesser de crier après mes enfants.

• je veux être capable de cesser de saboter mon succès au travail.

• je veux être capable de dire "non" à ma mère sans me sentir coupable.

• je veux me sentir libre de choisir et de poursuivre une carrière bien remplie et excitante.

• je veux être capable d'être moins mêlé(e) aux affaires de mes parents.

Exemples d'objectifs au niveau des sentiments:

• je veux être capable de me sentir proche de ma femme.

• je veux être capable de supporter qu'on me rejette sans en être anéantie.

• je veux être capable de me sentir confiant et sûr de moi.

• je veux être capable de me sentir moins vulnérable et moins dépendant(e) du secours et du soutien des autres.

• je veux être capable de prendre plaisir à faire l'amour avec mon partenaire.

• je veux être capable de surmonter mon état dépressif chronique.

• je veux être capable de me soucier moins de ce que pensent mes parents.

• je veux être capable de cesser de m'inquiéter constamment.

Divisez votre section entre "objectifs au niveau du comportement" et "objectifs au niveau des sentiments". Notez les objectifs qui vous semblent actuellement les plus importants.

Obstacles

Vos obstacles sont les convictions menaçantes qui vous empêchent d'atteindre vos buts.

Exemples de convictions menaçantes:

• Si je me fâche, tout le monde va me rejeter.

• Si les choses vont trop bien, je serai punie.

• Si je me détends, il m'arrivera quelque chose de terrible.

• Si je me rapproche d'un homme, il finira par me rejeter.

• Si je fais confiance à une femme, elle me trahira inévitablement.

• Si je fais part de mes vrais désirs à mes amis ou à des membres de ma famille, je m'exposerai à leur refus, à leur châtiment ou à leur colère.

• Si je fais l'amour avec une femme, elle finira par se montrer blessée et amère.

• Si les choses semblent aller trop bien, c'est que la catastrophe n'est pas loin.

Exemples de convictions menaçantes provenant de crimes imaginaires:

• Si je deviens démocrate, je trahirai mon père républicain.

• Si je ne dîne pas trois fois par semaine avec ma famille, j'abandonnerai ma mère malheureuse.

• Si j'essaie de nouer une relation intime, je ne connaîtrai que douleur et rejet parce que je ne suis pas digne d'être aimé, étant foncièrement mauvais.

• Si je réussissais à conserver mon poids idéal, je me rendrais coupable de surpasser et d'humilier ma mère et ma soeur qui ont des kilos en trop.

Souvenez-vous que vous pouvez vous sentir coupable d'un certain crime envers un membre de votre famille, et envers un autre, d'un crime différent. Songez à chacun des crimes suivants et voyez s'ils s'appliquent à vous: surpasser les siens, être un fardeau, voler l'amour des parents, abandonner ses parents, trahir ses parents, être foncièrement mauvais.

(Ce ne sont pas là les seuls crimes imaginaires possibles. Créez vos propres catégories si vous en découvrez d'autres qui vous semblent importants.) Efforcez-vous de formuler les convictions qui proviennent de vos crimes imaginaires de la même manière que celles que nous vous avons présentées. Par exemple: "Si je poursuis ou réalise [objectif], alors... [issue négative]. " Prenez quelques minutes pour dresser la liste de vos convictions menaçantes les plus importantes dans la section désignée sous le titre "Obstacles".

Tests

Comme nous l'avons vu dans le dernier chapitre, les tests sont des expérimentations au cours desquelles nous mettons à l'épreuve nos convictions menaçantes - y compris notre conviction d'être vraiment coupables de crimes imaginaires.

Exemple d'un test de transfert:

Marie, la secrétaire de direction dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, se lia à Olivier, homme aimable et tolérant. Au bout de quelques mois, elle se mit à commettre fréquemment de petites erreurs potentiellement irritantes et à se montrer d'humeur changeante. Ce comportement était une manière inconsciente d'inciter Olivier à la critiquer comme l'avait fait son père lorsqu'elle était enfant. En résistant à ces provocations mineures, Olivier aida Marie à vaincre la conviction inconsciente qu'elle méritait des mauvais traitements.

Marie mit également à l'épreuve son patron en négligeant de s'acquitter de petites tâches néanmoins importantes. Alors qu'Olivier avait réussi le test de Marie en refusant de se laisser provoquer, son patron échoua en se montrant irrité par l'irresponsabilité de Marie. Une fois qu'elle eut réalisé qu'elle mettait son patron à l'épreuve, elle fut en mesure de mettre fin à sa conduite d'échec.

Exemple d'un test du passage de la passivité à l'action:

Félix rentrait toujours en retard de son travail. Il promettait d'être à la maison pour dîner à 18 h, mais arrivait toujours, en fait, avec une heure ou plus de retard. C'était exactement ainsi que s'était comporté son père lorsque Félix était enfant: Félix et sa mère en avaient éprouvé un sentiment de colère et d'impuissance. Christiane, sa femme, elle aussi frustrée et furieuse, demanda conseil à sa propre mère. Ensemble, elles décidèrent que Christiane devait fixer une heure pour le dîner, et puis commencer à manger, que Félix soit rentré ou non. Christiane cessa donc d'attendre que Félix arrive à la maison. Le dîner était servi à 18 h précises. Félix rouspéta bien un peu, mais il ne fut pas long à arriver à temps.

En ne se laissant pas envahir par un sentiment de colère impuissante, Christiane avait réussi le test de Félix. Elle l'aida ainsi à vaincre sa conviction inconsciente qu'il était voué à reproduire la relation conflictuelle de ses parents.

Demandez-vous si vous pouvez identifier une relation -avec votre conjoint (e), vos amis, vos enfants, vos parents, votre patron - dans laquelle vous mettez à l'épreuve l'autre personne. Prenez quelques minutes pour dresser la liste de ces relations et noter la nature de vos tests.

À présent, pour chaque personne que vous avez inscrite sur votre liste, posez-vous les questions suivantes:

• Est-ce que j'incite cette personne à me traiter comme l'ont fait ma mère ou mon père?

• Est-ce que je traite cette personne comme mon père ou ma mère m'ont traitée?

• Quelle conviction menaçante inconsciente, quel crime imaginaire suis-je en train de tenter de vaincre?

• Cette personne a-t-elle l'habitude de réussir ou de rater mes tests?

• Qu'est-ce que je ressens lorsque cette personne réussit? Qu'est-ce que je ressens lorsqu'elle échoue?

• Quels sont les membres de ma famille, les amis, les associés qui me mettent à l'épreuve? Est-ce que j'ai l'habitude de réussir ou de rater leurs tests?

Inscrivez vos réponses.

Idées

Dans cette section, vous dresserez la liste de toutes les idées et

perceptions qui peuvent vous aider à surmonter vos problèmes psychologiques. Certaines de ces idées peuvent renfermer des éléments qui vous permettront de comprendre vos convictions menaçantes ou vos crimes imaginaires.

Cette partie de votre plan sera peut-être la plus longue. Vous voudrez peut-être y ajouter des idées nouvelles que vous apporteront le temps et la réflexion. Pour vous aider à organiser votre matériel, nous avons créé les subdivisions suivantes:

Les origines de vos convictions menaçantes. Les origines de vos crimes imaginaires. Votre identification à vos parents. Votre acquiescement à des messages parentaux négatifs. Vos pensées de punition.

Les origines de vos convictions menaçantes. Dressez la liste de toutes les expériences importantes de perte, d'agression, de manque d'amour et d'attention dont vous pouvez vous rappeler: morts, séparations, maladies, alcoolisme, toxicomanie, agressions sexuelles ou autres traumatismes ou négligences.

Essayez ensuite de comprendre de quelle manière ces incidents ont pu contribuer à donner forme à vos convictions inconscientes. Par exemple:

• Lorsque papa se soûlait, son humeur et son comportement devenaient tout à fait imprévisibles. Chaque fois que je commençais à croire que les choses allaient bien, il se soûlait de nouveau. Voilà comment j'en suis venu à croire que, si je me détendais, il allait sûrement arriver quelque chose de terrible.

• Mon frère aîné a commencé à me faire des caresses intimes lorsque j'avais neuf ans. Lorsque j'ai tenté d'en avertir mes parents, ils n'ont pas voulu me croire. Cela a duré jusqu'à ce que mon frère quitte la maison; j'avais alors quatorze ans. je me sentais coupable, agressée, remplie de rage. J'en suis venue à croire que je ne pouvais pas empêcher les gens de m'agresser sexuellement, parce que mes parents s'étaient comportés comme si je n'en avais pas le droit.

• L'avion de papa s'est écrasé après que j'eus refusé de l'embrasser. J'ai ainsi appris que la colère est meurtrière.

• Comme mes parents m'ont toujours préféré à ma soeur, lorsqu'elle est devenue toxicomane, je me suis cru responsable de son terrible destin.

• Mon père, homme affable et décontracté, a dilapidé la fortune de la famille et a rendu ma mère très malheureuse. Voilà pourquoi je crois inconsciemment que, chaque fois que je me sens heureux et détendu, je cours après la catastrophe.

Notez maintenant toute expérience semblable.

Les origines de vos crimes imaginaires. Passez en revue les épreuves et les buts inaccomplis de chacun des membres de votre famille. Demandez-vous ensuite de quel crime imaginaire vous pourriez vous sentir coupable envers chacun d'eux, et quelle idée menaçante en a résulté dans votre esprit. Essayez d'identifier les expériences qui ont pu vous amener à vous juger coupable de chacun de ces crimes. Par exemple:

Mon père, apparemment, n'avait pas de succès, alors je me suis empêché d'en avoir pour éviter de le surpasser.

• Ma mère semblait très malheureuse, sauf lorsqu'elle me dictait ma conduite. En conséquence, j'ai toujours eu peur de prendre mes propres décisions et, encore aujourd'hui, je la consulte, elle ou une personne lui ressemblant, avant de faire quoi que ce soit. En devenant indépendante, je commettrais le crime imaginaire de l'abandonner.

• Mes parents ne pouvaient tolérer la critique. En conséquence, je me rends compte que si j'ai la moindre pensée critique à leur égard, je me sens coupable de trahison.

Notez à présent les buts inaccomplis des membres de votre famille.

Votre identification à vos parents. Songez aux pensées, aux sentiments ou aux comportements qui vous posent actuellement un problème. Votre problème est-il semblable à celui d'un membre de votre famille? Si tel est le cas, demandez-vous si vos pensées, vos sentiments ou vos comportements sont le résultat de votre identification à cette personne. Par exemple:

• je suis très critique à l'égard de mon fils, tout comme l'était mon père envers moi.

• je suis obsédée par mon poids, tout comme l'étaient ma mère et ma soeur.

• je ne parviens jamais à payer à temps mes factures, tout comme le faisait mon père.

Notez maintenant votre identification à un membre de votre famille.

Votre acquiescement à des messages parentaux négatifs. Examinez vos problèmes de comportement actuels et demandez-vous si vous êtes en train de vous conformer à un message parental négatif. Êtes-vous en train de prouver que les perceptions négatives que vos parents avaient de vous, ou de la vie en général, étaient justes? Dressez la liste de tous les messages négatifs qu'ont pu vous transmettre vos parents et les membres de votre famille. Prenez soin d'inclure aussi bien les messages négatifs implicites que ceux qui étaient explicites. (Peut-être vous sera-t-il utile de consulter à cet effet la liste des messages négatifs les plus courants se trouvant à la fin du chapitre 6.)

Par exemple:

• Mon père m'a dit qu'aucun homme ne voudrait de moi, aussi me suis-je toujours arrangée pour que les hommes qui m'intéressaient me rejettent.

• Ma mère m'a enseigné à ne jamais faire confiance à quiconque ne faisant pas partie de la famille. Je ne me sens à l'aise qu'avec les membres de ma famille.

• Ma mère travaillait tout le temps et ne s'accordait jamais une minute de repos. Même malade, elle ne gardait jamais le lit, elle n'allait jamais chez le médecin. Voilà comment j'ai appris à ne pas me reposer et à ne pas prendre soin de moi-même.

• Aux funérailles de ma mère, ma tante m'a dit que ma mère s'était tuée à essayer de répondre à mes besoins. Voilà pourquoi même aujourd'hui, vingt ans plus tard, je ne peux me résoudre à demander à qui que ce soit de faire quelque chose pour moi.

Notez maintenant votre acquiescement.

Vos pensées de punition. Êtes-vous tourmenté par de pénibles pensées obsessionnelles? Si ces pensées surgissent quand tout va bien, après que vous avez atteint un but important (promotion, publication d'un livre), quand vous projetez de poursuivre un de vos objectifs, ou quand vous avez l'impression d'avoir blessé ou déçu quelqu'un, il est bien possible qu'il s'agisse de pensées de punition. Par exemple:

• Après ma récente promotion, j'ai été obsédé par la pensée que je ne pourrais m'acquitter de mes nouvelles tâches.

• Après avoir refusé de sortir avec un homme aimable, certes, mais quelque peu dépressif et ennuyeux, je me suis dit que j'étais une mauvaise personne, que j'avais fait du mal à beaucoup de gens dans ma vie.

• Après avoir déménagé dans une nouvelle ville, j'ai connu une brève période de bonheur où je me sentais plein d'énergie, et puis je me suis mis à penser sans arrêt au sida et au cancer, même si je me sentais bien et malgré le fait que les tests étaient négatifs.

Après avoir signé le contrat pour écrire ce livre, je me suis mis à craindre que tous mes amis et collègues me renient, que l'ami qui devait l'écrire avec moi ne décide soudain que j'étais stupide et inculte et qu'il ne mette fin à notre amitié de vingt ans, qu'enfin personne, de toute façon, ne trouve le livre intéressant.

Prenez quelques minutes pour dresser la liste de toute pensée pénible ou obsessionnelle dont vous pouvez vous rappeler.

Un plan très complexe

Il est possible que votre plan soit beaucoup plus complexe que les exemples de cas que nous avons cités tout au long de ce livre. En présentant ces cas, nous les avons fréquemment simplifiés afin d'illustrer un point en particulier.

Nous sommes tous des individus complexes étroitement liés à notre famille et à nos amis. Il est fort possible que vous vous sentiez coupable de plusieurs crimes imaginaires différents. Par exemple, vous vous sentirez peut-être coupable d'avoir été un fardeau, puis d'avoir abandonné votre mère, d'avoir surpassé votre père, volé l'amour de vos parents au détriment de vos frères et soeurs. Peut-être êtes-vous engagé à la fois dans un processus d'identification (en reproduisant les conduites d'échec de votre père ou de votre mère) et dans un processus d'acquiescement (en vous conformant à des messages ou à des traitements parentaux négatifs).

Une fois établi votre plan personnel, vous devriez disposer d'un tableau plus complet des problèmes sur lesquels vous êtes en train de travailler, des convictions qui sous-tendent ces problèmes, et des expériences qui vous ont mené à ces convictions.

La création de ce document sera valable en soi. Mais la formulation du plan peut également vous être utile d'autres manières. Lorsque vous avez un problème ou que vous ressentez des sentiments que vous ne comprenez pas, il pourrait vous être utile de relire ce que vous avez écrit. Tout comme une thérapeute travaillant dans le cadre de la Control Mastery Theory peut revoir mentalement le plan d'un client lorsque l'absence de progrès de celui-ci la laisse perplexe, vous pouvez revoir le vôtre lorsque vos sentiments et vos comportements vous paraissent confus, ou semblent aller à l'encontre des buts que vous recherchez.

Nous vous suggérons de répéter de temps à autre cet exercice. Vous découvrirez probablement que vous pouvez élaborer un plan de plus en plus riche et utile.

Le processus continu d'auto-assistance psychologique

Il existe un grand nombre de manières de poursuivre le travail que vous avez entrepris en accomplissant cet exercice. Peut-être souhaiterez-vous faire connaître votre plan à votre conjoint(e), un membre de votre famille, un(e) ami(e), ou encore à votre thérapeute, si vous êtes en cours de thérapie. Peut-être enfin, si ce n'est déjà fait, devriez-vous songer à entreprendre une thérapie afin de progresser plus rapidement.

La thérapie peut être un moyen particulièrement utile de vous libérer des convictions inconscientes qui vous imposent des contraintes. Pour ceux d'entre nous qui avons souffert de graves traumatismes pendant notre enfance, il se peut qu'une thérapie individuelle ou de groupe soit indispensable au processus de compréhension.

Mais, même pour ceux d'entre nous dont les problèmes sont moins sérieux, la psychothérapie offre deux avantages importants: les commentaires et l'interprétation de votre thérapeute peuvent vous fournir des éclaircissements qui se rapportent beaucoup plus à votre situation particulière que celles présentées dans n'importe quel livre; et la thérapie peut, en outre, constituer un cadre sûr pour les processus de mises à l'épreuve décrits au chapitre 11. La réfutation de vos convictions menaçantes par de telles mises à l'épreuve est sans doute le moyen le plus efficace d'affaiblir leur emprise.

Si vous souffrez de problèmes psychologiques débilitants ou accablants, vous seriez bien avisé de consulter un psychothérapeute. Mais, même si vos problèmes sont relativement mineurs, la thérapie peut être extrêmement utile. Il existe de nombreuses voies vers la connaissance de soi, mais l'aide d'un psychothérapeute sensible, ayant reçu une bonne formation, est l'une des meilleures façons de vous libérer des contraintes inutiles qui vous empêchent de vivre pleinement et d'être heureux.

Certaines personnes entreprennent une psychothérapie non pas pour surmonter quelque problème pressant, mais pour enrichir leur vie. La plupart des psychothérapeutes sont enchantés de travailler avec de tels clients. Dans le meilleur des cas, la psychothérapie combine le processus de résolution des problèmes à celui d'enrichissement et de découverte car, au bout du compte, cela revient au même.

À la recherche d'un thérapeute

La meilleure façon de trouver un bon thérapeute est de demander conseil aux gens que vous connaissez. Si vous avez des amis thérapeutes, demandez-leur de vous en conseiller quelques uns. Si vous connaissez des personnes qui ont suivi ou suivent une thérapie, demandez-leur de vous parler de leur expérience. Et demandez-leur si elles ne voient pas d'objection à ce que vous consultiez leur thérapeute. Si c'était le cas, vous pourriez quand même demander à leur thérapeute de vous recommander un de ses collègues.

Votre médecin connaît peut-être un bon thérapeute. Les départements de psychologie des universités, les départements de psychiatrie des facultés de médecine, les associations sociales de psychologues, de psychiatres, de conseillers conjugaux et de spécialistes en thérapie familiale peuvent tous vous adresser à des thérapeutes. Les pages jaunes de votre annuaire téléphonique peuvent également vous fournir un aperçu des ressources disponibles.

Psychologues, conseillers conjugaux, spécialistes en thérapie familiale, travailleurs sociaux, psychiatres, psychanalystes et autres conseillers offrent tous des thérapies aussi bien dans le cadre d'une pratique privée que dans celui d'une clinique. Chaque école produit d'excellents thérapeutes et rien ne porte à croire que l'une soit meilleure que l'autre. Choisissez le thérapeute qui vous convient, quelle que soit sa formation.

Avoir foi en ses propres réactions

Quelle que soit la personne ou l'organisme qui vous a recommandé un thérapeute, il est important que vous fassiez votre propre évaluation et preniez votre propre décision. Après avoir rencontré le thérapeute, posez-vous les questions suivantes:

e Vous sentez-vous en sécurité en sa présence? Ce thérapeute est-il le genre de personne à qui vous pourriez confier vos pensées les plus profondes, vos fantasmes et vos craintes? Ou semble-t-il plutôt irrespectueux, peu digne de confiance, médiocre, impatient, critique ou porté à s'ériger en juge? Les gens sont capables d'évoluer sur le plan psychologique lorsqu'ils se sentent en sécurité, et non pas lorsqu'ils sont tendus et effrayés.

e Vous sentez-vous compris? La thérapeute semble-t-elle écouter vraiment les détails de votre situation et être sérieusement disposée à vous comprendre? Ou semble-t-elle prête à appliquer une théorie (y compris la Control Mastery Theory) avant même de vous avoir compris, vous et votre situation? Semble-t-elle capable de se mettre à votre place? Une thérapeute qui ne comprend pas votre situation ne vous sera vraisemblablement pas d'un grand secours.

e Après avoir rencontré le thérapeute, vous sentez-vous au moins un peu mieux? Vous sentez-vous un peu moins anxieux, moins coupable, moins déprimé, plus confiant ou plus lucide? Si vous avez constamment souffert d'états dépressifs ou de découragement profond, ou si vous avez du mal à faire confiance aux gens, il vous faudra peut-être mettre longtemps à l'épreuve le thérapeute avant de savoir s'il peut vous aider. Mais vous devriez bientôt entrevoir quelques lueurs d'espoir, même si vos convictions menaçantes vous poussent à vous méfier de cet espoir.

Il peut parfois être particulièrement utile que votre thérapeute incarne certaines des qualités que vous aimeriez vous même acquérir. Si vous êtes dépressive, vous tirerez grand profit d'un thérapeute gai et animé. Si vous êtes anxieuse, vous préférerez peut-être un thérapeute décontracté et confiant.

Si vous avez l'impression que les idées et les éclaircissements que fournit ce livre peuvent vous être particulièrement utiles, discutez-en avec votre futur thérapeute. Bien qu'il soit possible d'obtenir une aide importante d'un thérapeute qui ne comprend pas le rôle essentiel d'une culpabilisation irrationnelle dans les problèmes de ses clients, c'est de toute évidence un avantage que d'en avoir un qui en soit conscient.

Choisir un thérapeute

Nous vous suggérons la méthode suivante pour choisir un thérapeute: utilisez les ressources dont nous avons parlé dans les pages précédentes pour trouver le nom d'un éventuel thérapeute. Téléphonez-lui et prenez rendez-vous pour trois séances. Pendant ces séances, essayez de voir si ce thérapeute peut vous aider. Si vous vous sentez à l'aise, peut-être voudrez-vous lui faire part de votre plan et des idées que vous a fournies ce livre.

Trois séances devraient suffire pour vous faire une idée de la façon de travailler du thérapeute, pour déterminer si vous vous sentez à l'aise avec lui et s'il peut vous aider. Si, au bout de ces séances, votre impression n'est pas positive, n'y retournez plus. Téléphonez-lui, tout simplement, et annulez les séances suivantes. Ne craignez pas de l'offenser; il arrive très fréquemment que les nouveaux patients agissent ainsi. Essayez quelqu'un d'autre. Continuez de la même manière, jusqu'à ce que vous trouviez quelqu'un en qui vous avez confiance.

Une autre bonne méthode pour choisir un thérapeute consiste à prendre un premier rendez-vous avec deux, trois ou quatre thérapeutes différents. Rendez-leur visite une ou deux fois avant de prendre une décision. Cette méthode vous permettra de savoir quelles sont les approches de plusieurs thérapeutes avant de faire votre choix.

Groupes de thérapie

Vous pouvez également poursuivre votre processus d'exploration psychologique en vous joignant à un groupe de soutien ou à un groupe de thérapie. Ironiquement, lorsqu'il s'agit de trou ver pareil groupe, le fait d'être enfant ou conjoint(e) d'alcoolique, victime d'inceste ou d'être issu de toute autre catégorie de familles dysfonctionnelles est en quelque sorte un avantage. Comme nous l'avons mentionné au chapitre 10, des groupes de soutien ont été mis sur pied dans diverses communautés par des gens qui ont vécu ce genre d'expériences. Bon nombre de ces groupes sont dirigés par des bénévoles et ne réclament aucune cotisation. Dans certaines communautés, on trouve même des groupes de soutien destinés aux gens issus de divers types de familles dysfonctionnelles. Ceux qui vivent dans les grandes villes seront capables de trouver des groupes de psychothérapie dirigés par des thérapeutes professionnels.

Tenir un journal

Certaines personnes aiment à tenir un journal. Si tel est votre cas, ou si vous aimeriez commencer à le faire, vous disposerez sans doute ainsi d'un excellent moyen d'incorporer et de développer les idées que vous aura suggérées la lecture de ce livre. Tenir un journal est une chose très personnelle, mais voici tout de même quelques suggestions pour commencer.

• Cherchez des exemples de conduites d'échec dans votre vie quotidienne et essayez de découvrir les convictions menaçantes inconscientes ou les crimes imaginaires qui les soustendent.

• Soyez à l'affût des pensées de punition dans votre vie quotidienne. Lorsque de semblables pensées vous viennent à l'esprit, notez-les dans votre cahier.

• Posez-vous la question suivante: de quelle façon est-ce que je me punis habituellement pour mes crimes imaginaires?

• Rassemblez des renseignements sur les membres de votre famille afin de brosser le tableau le plus juste possible de votre enfance. Essayez de trouver des liens entre les expériences de votre enfance et les problèmes, mais aussi les forces, que vous avez aujourd'hui.

• Utilisez les notes de votre journal pour mettre à jour la formulation de votre plan.

Tenir un journal est une excellente façon de développer les idées qui vous sont venues pendant votre exercice de planification; cela peut en outre produire des renseignements qui vous aideront et rendre la formulation de votre plan plus juste et plus complète.

Utilisation des romans et des films

Une autre manière de mener plus avant le processus de découverte de soi-même consiste à lire des romans et à regarder des films qui illustrent les principes décrits dans La culpabilité. Les principes à la base de nos motivations les plus profondes ont souvent été compris intuitivement par les romanciers et les dramaturges. C'est précisément cette compréhension qui fait que les actes de ces personnages fictifs semblent si vrais.

L'intrigue des romans suivants illustre certains principes importants de la Control Mastery Theory. Les trois premiers ont été portés à l'écran et sont désormais disponibles sur vidéocassettes. Tous ces livres peuvent être commandés dans toute bonne librairie: Prizzi's Honor de Richard Condon, Le choix de Sophie, de William Styron, Ordinary People, de Judith Guest et Le prince des marées de Pat Conroy.

En outre, on trouvera dans l'Appendice Il, "Lectures recommandées", une longue liste d'ouvrages professionnels et populaires de psychologie.

Et maintenant?...

Nous avons appris à penser à nos problèmes surtout en termes autocritiques et auto-accusateurs. Dans les livres de psychologie, en particulier, on nous a dit que nos problèmes provenaient d'une colère inconsciente, d'une sexualité réprimée, de notre refus de renoncer aux plaisirs égoïstes de l'enfance. Certes, nous sommes tous de temps à autre égoïstes, nous ressentons tous de la colère, des pulsions sexuelles, mais ce ne sont pas là les causes de la plupart de nos problèmes psychologiques. Nos problèmes sont le plus souvent causés par une honte, des craintes, une culpabilisation inconscientes.

Bien qu'il soit important de découvrir à quels moments nous nous montrons hostiles, peu généreux ou séducteurs, cela ne suffira pas généralement pour que nous mettions fin à ce comportement. Notre agressivité naturelle, notre intérêt personnel et notre sexualité ne nous créent généralement pas de problèmes sérieux sauf lorsque ces motivations sont dénaturées par nos convictions irrationnelles inconscientes. Il est donc essentiel que nous comprenions les convictions qui sous-tendent ces comportements. Parmi ces convictions, la plus répandue est celle de croire que le simple fait de se montrer égoïste, colérique ou d'avoir des désirs sexuels est un crime en soi.

Nous espérons que ce livre vous a aidé - et continuera de vous aider - à vous comprendre et à comprendre vos problèmes psychologiques dans une perspective nouvelle, positive et fructueuse.

e Plutôt que de penser que nos problèmes ne sont dus qu'à nos désirs égoïstes, nous pouvons commencer à reconnaître le sentiment de culpabilité que nous ressentons à vouloir des choses pour nous-mêmes, à posséder des choses que d'autres n'ont pas, à vouloir mener notre propre vie, ainsi que nos craintes irrationnelles de faire du mal aux autres.

e Plutôt que de nous inquiéter des effets de notre colère, nous pouvons commencer à examiner le sentiment de culpabilité que nous ressentons en ayant des sentiments de colère, nos craintes que nos sentiments de colère puissent faire mal, notre peur d'être rejeté à la moindre manifestation de colère.

* Plutôt que de nous concentrer sur nos désirs sexuels inconscients envers nos parents, nous pouvons commencer à examiner le malaise que nous ressentons face au caractère sexuel de l'attention que nous portent notre mère ou notre père, le sentiment de culpabilité que nous ressentons en connaissant un plaisir sexuel que notre père ou notre mère n'ont pas connu, les craintes inconscientes qui nous font croire qu'en extériorisant des émotions sexuelles nous pouvons mettre les autres en péril.

Peut-être craignez-vous que cet examen des côtés sombres de votre enfance ne vous encourage à vous "apitoyer sur votre sort". Rassurez-vous, il n'en est rien. L'idée selon laquelle vous préférez vous apitoyer sur vous-même plutôt que d'aller de l'avant n'est que l'écho d'une accusation parentale. Un examen de la douleur que vous avez connue, enfant, peut en fait être très libérateur.

Lorsque nous nous penchons sur l'histoire de notre enfance, nous trouvons deux types de douleur. Il y a d'abord celle à laquelle nous avons l'habitude de penser - la douleur causée par le rejet, les mauvais traitements, la pauvreté, un décès, la négligence ou l'incompréhension. Pour bon nombre d'entre nous, pareille souffrance a joué un rôle essentiel dans notre vie. Mais il existe un autre genre de douleur à laquelle nous n'avons pas l'habitude de penser: celle que nous ressentons face aux souffrances de nos parents, de nos frères et soeurs, même lorsqu'ils se sont eux-mêmes inconsciemment infligés ces souffrances. C'est cette douleur qui donne le plus souvent naissance aux crimes imaginaires.

Nous arrivons à la fin du voyage. Nous avons tenté dans ces pages de vous présenter un certain nombre de concepts nouveaux et complexes à la fine pointe de la recherche actuelle en psychothérapie. Nous espérons que ces idées vous offriront, comme à nous, une compréhension accrue de la profondeur, de la complexité et des mystères de l'esprit humain. Il est, en effet, ironique de constater que l'un des plus grands paradoxes du coeur humain réside dans le fait qu'un si grand nombre de nos patterns destructeurs naissent de notre altruisme et de notre compassion.

Nous espérons aussi que nos idées dureront, qu'elles deviendront partie intégrante de votre façon de réfléchir à vos problèmes psychologiques et qu'elles deviendront finalement des outils psychologiques précieux. Nous serions plus que satisfaits d'avoir contribué de quelque manière à vous aider dans ce long parcours que nous devons tous faire si nous voulons nous libérer de nos convictions menaçantes et nous absoudre de nos crimes imaginaires.

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