3ème année de
l’Institut d’études politiques de Bordeaux, 2000.
Section Service Public.
MÉMOIRE de SEMINAIRE
*****
L’immigration des Français au Québec
Entre enjeux et réalités
*****
Sous la direction de M Berthet
Année universitaire
1999-2000
LES ENJEUX PAR DES INTERETS MUTUELS ENTRE LES FRANÇAIS ET LE QUEBEC
POUR ENCOURAGER L’IMMIGRATION.
§ I) Un niveau d’accueil d’immigration
notamment française déjà important.
A/ Un accueil d’immigration toujours important pour des besoins
identifiés.
B/ Une arrivée de Français et de francophones déjà importante et
toujours plus recherchée.
§ II) Vers un intérêt accru des Français à
s’expatrier pour s’établir au Québec. 16
A/ Une action d’incitation par des liens franco-québécois étroits
profitables aux deux parties.
B/ Les besoins caractérisés de certains Français pour s’installer au
Québec et changer de vie.
DE LA SELECTION A L’ETABLISSEMENT, UNE PROCEDURE OBLIGATOIRE ET SUIVIE
POUR LES IMMIGRANTS
A) Le fonctionnement des procédures d’immigration au Québec.
B) La procédure d’immigration au Québec.
§ II) L’établissement au Québec :un
accompagnement par les autorités toutefois limité.
A/ Le lien social des autorités et des organismes d’aide face aux
problèmes d’adaptation du début.
B/ L’apprentissage personnel de son nouveau mode de vie présenté par
les autorités.
DE L’EMIGRATION A L’INTEGRATION, UN ETABLISSEMENT PARFOIS DIFFICILE POUR
CES NOUVEAUX IMMIGRANTS.
§ I) Au niveau des réussites : le long
chemin de l’immigration à l’intégration.
B/ Le Québec comme nouvelle société d’adoption.
§ II) Au niveau des échecs : des
difficultés qui témoignent d’une impossible intégration.
B/ Un bilan traduisant d’indéniables difficultés à corriger malgré la
sélection.
Les liens entre les Français et les
Québécois sont avant tout marqués par l’histoire. Car si les Français et les
Anglais sont les peuples fondateurs du Canada, le peuple fondateur et
colonisateur du seul Québec est le peuple français, les autochtones étant eux
les seuls vrais nationaux. La colonisation du Canada et du Québec n’a ainsi
véritablement commencé qu’avec Samuel Champlain au tout début du XVIIème
siècle, les débarquements antérieurs de Jean Cabot et de Jacques Cartier
n’étant que des entreprises de découverte. Puis sous la direction de Jean
Talon, premier intendant de la Nouvelle-France sont créées de nombreuses
seigneuries sur les rives du Saint-Laurent. De nouveaux immigrants arrivent
depuis la France, mais la Nouvelle-France passe sous domination britannique en
1760. Puis en 1867 est créée la Confédération canadienne regroupant deux
groupes ethniques, les Britanniques et les Français. Mais ceci a toutefois
changé au cours du XXème siècle, avec une diversification des
bassins d’immigration. L’histoire du Québec est donc celle de l’immigration de
Français.
Les Canadiens en général sont donc
nombreux à avoir dans leurs ancêtres des immigrants, surtout des immigrants
européens issus de France ou des îles britanniques. Mais l’histoire de
l’immigration au Canada s’est faite entre répulsion, avant la seconde guerre
mondiale, et intégration après ce conflit, à cause du problème d’intégration
des non occidentaux désireux de s’établir au Canada. Ainsi l’immigration a
repris depuis, et les origines de la population se sont diversifiées au fur et
à mesure de l’arrivée de réfugiés. En
Quant au Québec, il pratique depuis
longtemps une politique active de recrutement d’immigrants, à la recherche d’un
enrichissement culturel, économique et démographique. Il accueille ainsi chaque
année environ 25 000 personnes en provenance d’une centaine de pays.
En effet, le gouvernement québécois
partage avec le gouvernement fédéral la responsabilité de la sélection des immigrants,
ce qui confère à la province francophone le choix de ses propres immigrants en
fonction de ses propres critères, mais il offre aussi de nombreux services
visant à faciliter l’intégration de ces derniers. Il a obtenu cette faveur car
il a été traditionnellement réticent à l’arrivée d’immigrants : ils ont été 1,5
millions depuis la seconde guerre mondiale à s’établir au Québec. L’enjeu
principal est de lutter contre la dénatalité par l’apport de population
extérieure, tout en voulant marquer une culture francophone.
A ce titre, ce droit de regard sur l’immigration lui confère des
raisons politiques destinées à accueillir favorablement des francophones pour
maintenir une présence francophone dans un pluralisme culturel, ce qui n’est
pas le cas des autorités fédérales qui cherchent à promouvoir l’immigration en
général. L’immigration est à la fois un enjeu et un défi pour le Québec qui est
une société distincte. Cette province francophone du Canada a besoin de
développer elle-même sa propre immigration., dans un souci d’indépendance. On
reconnaît là tout l’enjeu.
A l’heure où presque tous les pays
surveillent leurs frontières pour limiter l’immigration, le Québec mise donc
sur l’émigration francophone, comme aux premiers temps, pour assurer son avenir
et préserver sa propre culture, et il espère soutenir et stabiliser ce
mouvement.
Ceci est d’autant plus marquant que
chaque année un nombre important de nos compatriotes décident de “ tenter
l’aventure ”, afin de “ vivre l’Amérique en français ”, parfois
dans l’impulsion et sans préparation, sur les traces des premiers colons qui
ont conquis
Toutefois, en dépit de la sélection,
même si les immigrants prennent goût à leur nouvelle vie, les échecs ne sont
pas rares, et peuvent même se traduire par des Français en situation de
détresse. En effet l’on ne quitte pas sa famille, ses amis et son pays
impunément : une telle décision relève de considérations assez importantes pour
qu’il y ait une certaine réussite qui puisse être envisagée et souhaitée.
L’émigration des Français vers le
Québec est donc avant tout marquée par des besoins tant du gouvernement du
Québec que des Français candidats à l’expatriation. Mais si cette émigration
des nouveaux candidats à l’émigration doit avant tout être effectivement
sélectionnée dans le cadre d’une procédure tant afin de faciliter au mieux sa
réussite que dans l’intérêt de la satisfaction des besoins du Québec, il
s’avère que malgré l’accueil et l’installation des échecs viennent ternir ce
processus.
La
société québécoise est avant tout marquée par l’immigration, dont les sources
sont diversifiées, afin de se renforcer aux niveaux économique et
démographique. Toutefois, il s’avère que les premiers arrivants ayant peuplé le
territoire sont des Français. Et le Québec, territoire d’immigration au même
titre que le reste du Canada, a besoin d’une arrivée de Français qui outre la
perpétuation des liens historiques permettrait à la province francophone du
Canada de pouvoir s’affirmer dans ce monde nord-américain. C’est pourquoi le
Québec espère accueillir de nombreux Français, qui répondent massivement
présent pour se porter candidats au départ. Ainsi convient-il de percevoir ce
que représente l’immigration pour la société québécoise et de comprendre les
besoins qu’ont nombre de nos compatriotes à s’expatrier, et à plébisciter le
Québec.
L’immigration de Français est toujours une constante au Québec, depuis l’arrivée des premiers colons du temps où l’on parlait encore de “ nouvelle France ”. Mais il s’avère que cette immigration de Français n’est plus dominante dans les sources d’immigration du Québec : elle ne représente pas 10 % de l’ensemble des arrivants. Afin de faire état de l’expatriation de nos compatriotes vers le Québec, il s’agit d’apprécier avant tout le fait que l’immigration au Québec soit désormais fortement diversifiée. Mais toutefois, si le Québec a besoin d’immigration en général, il a avant tout besoin d’une immigration francophone, qu’il cherche à favoriser.
L’importance du nombre d’immigrants établis au Québec nous amène à nous interroger sur l’utilité et sur l’importance de l’immigration pour satisfaire les besoins du Québec. Ainsi peut-on distinguer l’immigration en général de l’immigration des Français, pour pouvoir en apprécier le phénomène et l’importance dans l’ensemble des arrivées.
Au recensement de 1991, 4,3 millions
d’immigrants constituaient la population du pays qui compte un peu moins de 30
millions d’habitants, soit 16% de la population, ce qui représente une
proportion appréciable.
Pour ce qui est des mouvements
annuels d’immigration, ils étaient dans les dernières années, de 256 757
personnes en 1993, de 224 372 en 1994, de 212 845 en 1995, de 226 050 en 1996,
de 216 044 en 1997 et de 174 100 en 1998. Cette dernière année marque donc un
net recul dans le processus, sans doute du fait de difficultés économiques ou
de critères d’acceptation assez drastiques, mais ceci semble assez provisoire.
Et le plan d’immigration annuel pour 1999 évaluait le nombre total d’entrées
entre 200 000 et 225 000, la part des immigrants intervenant pour 177 900 et
195 700 du total.
De 1990 à 1994, 220 000 nouveaux
immigrants sont venus s’établir chaque année en moyenne au Canada, contre 125
000 dans les années 80[1],
145 000 dans les années 70, 137 000 dans les années 60, 155 000 dans les années
50.
La majorité des immigrants qui
vivent au Canada au moment du recensement de 1991 sont en Ontario (55%) où ils
représentent 24 % de la population, alors que 17 % habitent la
Colombie-Britannique, 14 % le Québec ou encore 9 % l’Alberta.
La proportion des immigrants venant
d’Europe croît, passant de 17,7 % en 1996 à 22,1 % en 1998, tout en connaissant
une baisse d’effectifs (de 40 009 à 38477)., tout comme l’immigration venue
d’Afrique et du Moyen Orient. Or dans les années cinquante, 80 % de
l’immigration venait d’Europe.
Si l’on s’intéresse aux dix premiers
pays dont les ressortissants s’installent au Canada, on constate une forte
présence asiatique, caractérisée par des arrivées importantes de Chine, d’Inde,
de Hong Kong et des Philippines, qui sont les quatre premiers pays en 1998.
Les immigrants de la catégorie
économique (gens d’affaires et travailleurs qualifiés) forment la plus forte
proportion des immigrants arrivant au Canada (49 % en 1994), alors que 42 %
faisaient partie de la catégorie sociale ou de la famille, et 9 % se sont établis au Canada pour des raisons
humanitaires.
Aussi, les immigrants sont
généralement plus âgés que le reste de la population du Canada, mais le nombre
d’immigrants faisant partie de la population active occupée est semblable à
celui des personnes nées au Canada. Aussi, le taux de chômage des immigrants se
compare à celui de la population née au Canada, et les immigrants vivant au
Canada disposent d’un revenu supérieur à celui des personnes nées au pays : il
s’agit donc d’une immigration aisée, contrairement à celle que connaît la
France par exemple.
Presque tous les immigrants vivant
au Canada aujourd’hui sont citoyens canadiens. En 1991, 81% des immigrants
admissibles ont obtenu la citoyenneté canadienne.
Ainsi, l’immigration diversifiée est
un fait majeur du Canada : 48 % de sa population seulement est d’origine
française et britannique.
Au moment du recensement de 1991, 14
% des immigrants qui ont choisi le Canada se sont installés au Québec. Ils
constituent 9 % de la population.
Le Québec accueille en moyenne un
peu moins de 30 000 nouveaux immigrants par an : 26 181 en 1998, 27 684 en
1997, 29 772 en 1996, 27 222 en 1995, ...[2]
Concernant les statistiques, il
s’avère que le Québec cherche à
attirer particulièrement de jeunes couples ayant des enfants en bas âge. En
effet, sur l’ensemble des immigrants admis au Québec entre 1994 et 1998, 46,7 %
d’entre eux avaient entre 25 et 44 ans; 24,2 % avaient moins de 15 ans, et 31,2
% moins de 25 ans, alors que seulement 12,1 % des immigrants admis avaient plus
de 45 ans.
L’équilibre des sexes est presque
parfait : le Québec a accueilli quasiment autant d’hommes que de femmes durant
cette période.
Toujours sur la même période, les
francophones ne sont que 36,8% (25,1 % ne parlent que français et 11,7 %
français et anglais), les anglophones 20,9% et les allophones (c’est-à-dire
ceux qui ne parlent ni français ni anglais) 42,3 %. Ainsi 63,2 % des immigrants
ne connaissent pas le français à leur arrivée au Québec durant cette période.
Toujours sur la même période, le
continent d’origine des immigrants est essentiellement l’Asie, d’où viennent
39,4% des nouveaux arrivants, l’Europe dans son ensemble arrivant en deuxième
position avec 28% d’immigrants (les immigrants de l’Europe de l’Ouest ne
représentent que 11,1 % des immigrants), puis suivent l’Amérique avec 16,6 %
(avec pour moitié environ des immigrants d’origine antillaise) et l’Afrique
avec 15,6 % (les nouveaux arrivants sont majoritairement des Maghrébins).
Toutefois dans les années cinquante 90 % des nouveaux Québécois étaient
d’origine européenne.
Mais pour ce qui est du pays de
naissance, c’est la France qui arrive en tête sur la période avec 8,4 % des
immigrants, devant la Chine, et Haïti.
Et pour ce qui est de la région
d’installation, les immigrants choisissent principalement la région de Montréal
(72,58 % en 1998), puis celle de Québec (5,8%) et de l’Outaouais (2,72%).
Le Québec recherche avant tout dans
l’immigration en général la satisfaction de ses besoins économiques, mais aussi
d’autres raisons peuvent justifier cette immigration, comme la volonté
d’accorder une possibilité de regroupement familial ou encore de satisfaire à
des obligations qu’il se doit de défendre au même titre que le Canada dans son
ensemble, en vertu d’une tradition d’hospitalité, à savoir l’accueil de
réfugiés. L’immigration est donc en quelque sorte choisie et profilée en
fonction de certains critères correspondant aux nécessités du Québec, et
l’immigrant doit au préalable avoir choisi l’une de ces catégories qui lui sont
proposées pour sa qualité de candidat à l’immigration..
Mais aussi le grand enjeu du Québec,
plus général, est bien celui de la croissance démographique extérieure, faute
d’une croissance interne.
Toutefois, ces deux notions sont
liées car la population tend à vieillir, ce qui réduit la population active.
L’arrivée de producteurs et de consommateurs est nécessaire.[3]
Tout d’abord, il s’agit d’une question économique, dans une logique
d’apport de main d’œuvre.
42, 8 % des personnes ayant immigré
entre 1994 et 1998 ont effecutué une immigration à titre économique, c’est à
dire en tant que travailleurs indépendants ou de gens d’affaires.
En premier lieu, le Québec fait
venir des travailleurs pour consolider son développement économique et ainsi
accroître le rayonnement et la compétitivité de ses entreprises internationalement.
En effet, le Québec a de nombreux
secteurs économiques en croissance, et cherche donc à pouvoir soutenir
celle-ci, la disponibilité en main-d’œuvre locale disponible étant insuffisante
dans ces secteurs-là. Ainsi, au vu d’un manque de disponibilité de main d’œuvre
locale, ces secteurs ont été identifiés pour permettre de les soutenir dans un
environnement économique opposant le Québec au reste du Canada mais aussi aux
Etats-Unis.
Les secteurs de l’économie
québécoise principalement concernés et identifiés sont les technologies de
l’information (informatique, téléphonie, ...), secteur composé de 3 000
entreprises procurant 80 000 emplois, mais avec une pénurie de main d’œuvre de
5000 travailleurs ; l’aéronautique et l’aérospatial (150 entreprises composent
le secteur, procurant 15 000 emplois) ; la biopharmacie (265 entreprises ou
laboratoires de recherche pour 15 000 emplois) ; l’énergie électrique.
Toutefois, les principaux secteurs
de l’économie ne sont pas forcément en phase de croissance, parfois même il
s’agit du contraire, lorsque l’on prend le cas du tourisme, de la foresterie,
pâtes et papiers, mais aussi et surtout de la fonction publique où de nombreux
emplois ont été supprimés.
L’intérêt du Québec est donc, afin
de satisfaire ses besoins, de sélectionner les travailleurs spécialisés
candidats à l’immigration et bénéficiant d’une offre d’emploi fondée sur le
constat de rareté de la main d’œuvre locale qualifiée (dans les domaines
d’activité porteurs ou dynamiques) et présentant de bonnes perspectives
d’insertion en emploi à moyen terme, afin de retenir cette population, car
l’intérêt n’étant pas une installation provisoire. Ainsi un programme a été mis
en place en ce sens[4] pour
soutenir les secteurs moteurs de l’économie québécoise où la main d’œuvre est
en pénurie et sélectionner les immigrants les mieux à même de s’adapter à leur
nouvelle société..
Mais toutefois il existe des
professions indésirables, inadmissibles, c’est-à-dire créant des problèmes
quant à la chance d’intégration sur le marché du travail, notamment par la
surabondance de la main-d’œuvre locale ne souhaitant pas voir s’établir une
concurrence étrangère dans l’offre de travail, et rendant ainsi leur accès
difficile à l’immigrant. Dans le processus d’immigration, les critères de
sélection en tiennent compte, excluant ces activités naturellement du processus
de sélection.[5]
Egalement, le Québec se propose d’accueillir
des personnes motivées pour créer une entreprise ou investir. Il faut savoir en
effet que le Québec est une destination convoitée par les gens d’affaires
décidant de quitter leur pays d’origine afin d’implanter leur projet
d’investissement: en effet le Québec est une solution pour ouvrir les portes de
l’Amérique du Nord, Montréal étant très intégrée dans le système nord
américain, car en effet les liens sont très fort avec les états voisins des
Etats-Unis, alors qu’ils sont plus distendus avec les autres provinces du
Canada. Le Québec tire donc profit de cette opportunité pour accueillir des
gens d’affaires.
Aussi le Québec propose une aide au-delà de la question
économique pour favoriser l’accueil d’immigrants sur son territoire.
En effet le Québec permet aux
familles de se regrouper sur son territoire, notamment par le biais d’une
procédure dite de parrainage de la part d’un parent proche déjà installé sur
place. C’est ainsi qu’entre 1994 et 1998, les immigrants s’étant établis dans
la catégorie de la famille représentent 33,2 % de l’ensemble des immigrants sur
cette période.
Egalement, le Québec pratique une
politique d’aide aux réfugiés. En effet, en vertu du principe de solidarité
internationale auquel il souscrit et en tant que société industrialisée, le
Québec se reconnaît responsable pour l’accueil des personnes en situation de
détresse, et porte un grand attachement à cette aide, tout comme le Canada, qui
se revendique comme étant une terre d’accueil. Ainsi, un programme québécois de
parrainage a été mis en place en 1979, et s’est développé au cours de la
dernière décennie : le Québec a ainsi accueilli au total plus de 100 000
personnes pour des raisons humanitaires, et entre 1994 et 1998 ils
représentaient 24% de l’ensemble des immigrants. Toutefois, l’évaluation des
demandes se fait selon les capacités d’intégration de ces personnes en plus du
parrainage.
Enfin, il est possible de
pouvoir immigrer au Québec à titre provisoire dans le cadre de ses études ou
d’un emploi temporaire, mais ceci ne constitue pas toutefois une véritable
immigration.
La
politique d’immigration, comme nous le verrons, a été choisie en fonction de
ces critères, faisant que le candidat à l’immigration qui doit s’intégrer à la
société, et donc doit travailler sur place ou bien être aidé à pouvoir vivre,
devra choisir parmi ces catégories lors de la procédure.
Mais aussi dans un ordre tout autre
le Québec cherche une arrivée massive de population d’origine étrangère afin
d’enrayer son déclin démographique. Cette population sera ensuite francisée
pour être intégrée, car il est difficile de faire un appel massif de Français
face à ce problème si important dans les statistiques. Ainsi, face à des
bassins d’immigration francophone restreints l’on pratique cette politique
d’accueil d’une immigration diversifiée et “ francisée ”.
En effet, le poids relatif du groupe
de langue maternelle française est en constante diminution, passant de 29 % de
la population canadienne en 1951 à 25,7 % en 1981 et à 24,6 % en 1997, alors
même que toutefois la stabilité de ce groupe est constante sur le territoire du
Québec (82 %) : ceci traduit que la part de la population du Québec est en
déclin par rapport à celle du reste du Canada, ce qui semble être dû à des
mouvements migratoires issus peut être de certaines difficultés économiques
connues par le Québec, qui a donc perdu de la population par des migrations
inter provinciales ou même à destination des Etats-Unis, pays avec lequel le
Québec a beaucoup d’échanges. C’est ainsi que concrètement les migrations inter
provinciales traduisent un solde négatif qui s’accroît pour le Québec : en
effet, il passe de - 8 379 en 1989 à - 15 940 en 1998 [6],
alors que solde québécois des migrations internationales est en constante
diminution, passant de 31 576 en 1989, avec un pic à 48 261 en 1991, à 22 576
en 19985. Ainsi, au total, le solde net total est en constante
diminution, passant de 23 197 en 1989 à 6 636 en 1998.
Mais aussi les mouvements
démographiques naturels de la population montrent une faible natalité :
l’indice synthétique de fécondité de la province est de 1,4 enfant par femme[7],
ce qui est insuffisant pour assurer le renouvellement des générations[8]
alors même qu’il est plus important dans le Canada anglophone. En effet
l’accroissement naturel de la population québécoise tend à diminuer, passant de
43 415 en 1989 à 21 893 en 1998, ce qui fait que le poids démographique du
Québec passe de 25,5 % de la population canadienne en 1989 à 24,3 % en 1998.
Pour assurer une présence francophone au moins aussi importante en proportion
il est donc nécessaire d’avoir recours au solde migratoire ; or le solde
migratoire semble révéler une très forte proportion d’allophones.
C’est pourquoi en
Les immigrants doivent donc
permettre de compenser les pertes démographiques du Québec. La politique active
d’immigration doit ainsi assurer un renouvellement de population qui ne
pourrait être obtenu par un soutien actif au niveau interne des naissances ou
par la possibilité de dissuader les candidats au départ de quitter le
territoire québécois.
Pour ce qui est de la sélection des
immigrants, la bonne connaissance du français est favorisée, voire priorisée :
ainsi l’appel à l’installation de francophones et de Français est clairement
constaté, mais le réservoir d’une telle immigration est toutefois limité. Ainsi
le Québec diversifie ses ressources en fonction de ses besoins, ce qui lui
permet d’être une société pluraliste, à défaut de pouvoir se concentrer sur une
immigration française qui toutefois reste une grande constance.
L’importance de l’immigration
francophone, et en premier lieu française, au Québec, permet de comprendre à
quel point la société québécoise est attachée aux liens qu’elle entretient avec
le monde de
Pour ce qui est de la communauté
française au Canada, elle représente 120 000 personnes, les deux tiers de cet
effectif sont installées au Québec, principalement autour de Montréal (où 80
000 Français résident). Toutefois, la Délégation générale du Québec à Paris
avance que le nombre de Français présents au Québec est de 85 000, soit 1 % de
la population, ce qui est assez important.
80 % des Français nouvellement
arrivés s’installent au Québec, où en 1996, 2 700 ont été théoriquement acceptés,
en 1997 l’objectif était de 4300 et en 1998 l’objectif était l’accueil annuel
d’un peu plus de 5000 de nos compatriotes. Puis les provinces choisies par les
immigrants français sont l’Ontario (Ottawa ou Toronto), et la
Colombie-Britannique (la région de Vancouver) principalement.
Voici l’état de l’expatriation de
nos compatriotes à destination du Canada ces dernières années. Elle présente
bien le Québec comme la destination privilégiée de cette immigration.
|
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|
Travailleurs qualifiés |
2971 |
1693 |
1897 |
2632 |
|
Affaires |
112 |
132 |
211 |
211 |
Québec |
Famille |
118 |
148 |
119 |
106 |
|
Parents assistés |
2 |
2 |
2 |
10 |
|
TOTAL |
3203 |
1975 |
2229 |
2959 |
Reste Canada |
TOTAL |
282 |
284 |
231 |
403 |
Canada |
TOTAL |
3485 |
2259 |
2460 |
3362 |
Source : Citoyenneté et Immigration Canada
(source fédérale).
Plus précisément, la communauté française
présente au Canada est très jeune : près d’un quart des Français résidant au
Canada ont moins de 20 ans. En ce qui concerne les nouveaux immigrants, ils
sont le plus souvent mariés, âgés de 30 à 35 ans et père ou mère de famille. La
majorité d’entre eux a un diplôme de l’enseignement supérieur. C’est donc une
immigration de haut niveau. Le niveau de scolarité est supérieur au
baccalauréat, ce qui permet au pays de ne pas former les immigrants, mais aussi
il s’avère que des immigrants s’installent avec de simples formations
techniques.
Ceci peut se constater dans les
statistiques. En effet, en considérant l’immigration dans l’ensemble du Canada,
la France ne fait pas partie des dix premiers pays sources, l’immigration étant
avant tout asiatique ; mais en revanche pour ce qui concerne les visas délivrés
à l’étranger à des travailleurs qualifiés, délivrés à la grande majorité des
immigrants français, on remarque un maintien de la présence française, au
sixième rang canadien en 1995, et au dixième rang en 1996.
Pour ce qui est des statistiques
québécoises au niveau des entrées annuelles, nous avons vu que c’est la France
qui arrive en tête des pays de naissance, représentant, sur la période
1994-1998, avec 8,4 % du total des immigrants, suivie de la Chine (6,1%), de
Haïti (5,8%), de l’ex-Yougoslavie (5,5%), de l’ex-URSS (5,4%), de l’Algérie
(4,7%). Toutefois, en 1998 la proportion de Français est plus importante car
cette année-là 2 556 immigrants français sont arrivés au Québec, soit 9,8 % du
total des immigrants, suivie de l’Algérie avec 7,2 %, puis de la Chine et de
l’ex-URSS.
Mais pour ce qui est des Québécois
d’origine étrangère déjà établis, la France est le troisième pays de naissance
avec 44 270 personnes, derrière l’Italie avec 74 700 immigrants établis et
Haïti (45 470), mais devant le Liban (28 435), les Etats-Unis (27 130), la
Grèce, le Viêt-nam, le Portugal, le Royaume-Uni, la Pologne,...[10]
Toutefois, l’immigration de citoyens
français a accusé une certaine baisse : cela peut en partie s’expliquer par
l’immigration d’origine maghrébine transitant par
Ces immigrants venant de la France
immigrent principalement dans la région de Montréal (1569 en 1997), puis dans
celle de Québec (223), puis l’Outaouais (18), les Laurentides (17), ...Ceci
correspond à peu près à l’ordre de choix opéré par tous les autres immigrants.
Toutefois, peu d’entre eux sont
immatriculés au Consulat : le passage d’une société à une autre, outre le
dépaysement, semble donc vouloir se faire de façon déterminée, comme pour
tourner une page sur le passé.
Le lieu principal d’installation des
Français, lorsqu’ils s’expatrient pour le Québec, est la région de Montréal,
qui absorbe 80 % des arrivées, accueillant environ 2 000 Français par an. Le
nombre d’immatriculés est en augmentation entre 1996 et 1998, passant ainsi de
22689 à 27377 (par des renouvellements d’immatriculation et celle des nouveaux
arrivants). Le nombre de non immatriculés est estimé à environ 60 000. Les
personnes exerçant une activité professionnelle représentent près de la moitié
des immatriculés, les personnes recherchant un emploi étant de 4 %. Par
importance, les professions exercées sont : employés, professions
intermédiaires, cadres et professions intellectuelles, retraités, chefs
d’entreprises, artisans et commerçants. Toutefois, la région de Montréal
accueille de nombreux jeunes Français étudiant temporairement au Québec où y
effectuant un stage.
Le second lieu principal
d’installation des Français au Québec est la région de Québec. Un peu plus de 5
000 Français sont immatriculés au Consulat général. Le nombre de non
immatriculés est estimé à 7 000. La plus grande partie de la communauté vit à
Québec, mais certains de nos compatriotes sont installés dans les régions de
Chicoutimi ou de Trois-Rivières. Cette population française immatriculée et
présente à Québec est marquée par sa jeunesse, avec un bon niveau économique.,
et un nombre de demandeurs d’emploi marginal (2 %). L’intégration semble donc
être le plus souvent réussie, malgré un nombre d’échecs toujours quantifiable.
Toutefois, quelques uns des
immigrants présents au Québec décident de quitter la province pour s’installer
aux Etats-Unis ou bien partent vers d’autres régions du Canada comme Ottawa,
Toronto ou Vancouver.
Mais en tout cas, symboliquement
tout du moins, il semble que cette immigration française contribue à perpétuer
le lien historique franco-québécois.
Alors
que le gouvernement fédéral cherche à développer son immigration, sans aucun
souci de privilégier des francophones ou des anglophones, le Québec mène avant
tout une politique active pour privilégier l’installation de francophones, et
tout particulièrement de Français, comme pour apporter du “ sang
neuf ” à l’identité francophone : ce n’est donc pas un hasard si les
Français arrivent en tête de l’origine des immigrants[11]. En effet, il est difficile de vivre en français dans cette région,
d’où l’importance d’une immigration francophone, afin de développer le
caractère français du Québec, en plus de la prise en compte du pluralisme de
l’immigration que l’on cherche le plus possible à franciser. Et d’autre part il
s’avère que le Québec est peu attirant pour les immigrants qui ne sont pas
francophones : l’accueil d’une immigration française pourra donc permettre
de contenir les départs de nouveaux arrivants, dans parfois un certain contexte
de tension sociale
C’est
pourquoi en 1989, un accord a été ainsi mis en place par le gouvernement
français afin de favoriser l’établissement au Québec de citoyens français ainsi
que d’étrangers résidant en France, mais chaque immigrant devra trouver son
employeur et s’intégrer à la société québécoise.
Du
côté québécois, l’organisme chargé de participer à la mise en œuvre de cet
accord est le ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration
(MRCI), garant de l’identité notamment francophone du Québec depuis sa
création, et ayant, en France et ailleurs, mis en place une Délégation générale
du Québec (DGQ). Du côté français, l’interlocuteur est l’Office des migrations
internationales (l’OMI) , qui dispose d’une délégation au Québec chargée
d’accueillir les nouveaux arrivants, ainsi que de les aider dans les démarches
ainsi que dans les recherches d’emploi.
Cet accord repose sur des principes mettant en évidence les besoins du
Québec :
“ Attendu que le
Québec connaît depuis plusieurs années un faible niveau de natalité qui laisse
présager un vieillissement de sa population et éventuellement une décroissance
de celle-ci,
“ Attendu que
l’immigration représente l’une des solutions susceptibles de répondre à des
préoccupations de nature démographique,
“ Attendu que, dans
cette perspective, le Gouvernement du Québec souhaite accroître les mesures
susceptibles de faciliter l’établissement sur son territoire de francophones en
fonction de ses besoins économiques, culturels et démographiques... ”
En
effet, il existe un rapport étroit entre l’évolution démographique et la
situation linguistique dans une société comme le Québec, qui cherche à
préserver la langue française dominante sur son territoire tout en étant une
minorité linguistique dans son pays et son continent : il n’y a que 6,9
millions de Québécois francophones par rapport aux 270 millions d’anglophones
que compte l’Amérique du Nord, même si ces francophones représentent 82 % de la
population québécoise. Le facteur linguistique est donc la raison principale de
l’accueil de Français, alors même qu’ils ne sont pas assez nombreux pour
pouvoir assurer l’équilibre au niveau démographique, ou pour satisfaire les
besoins économiques. C’est pour cela que le Québec souhaite développer
l’immigration francophone.
Selon
Pierre Boucher[12], il n’y a jamais assez eu de Français pour immigrer au Québec. “ Si les Français avaient été plus
nombreux à migrer, le Québec compterait beaucoup plus de francophones et aurait
probablement moins de mal à intégrer les nouveaux arrivants, ceux et celles qui
ont voulu en faire leur patrie ”. En effet, la position du français au
Québec remet en cause une arrivée massive de population qui ne soit pas adaptée
à l’identité québécoise. Le Québec cherche donc à faire immigrer en particulier
des Français, plus généralement des francophones dans l’intérêt de les faire
parler en français au Québec, sinon d’autres catégories d’immigrants dans la
perspective de les franciser.
En
effet, le Québec, comme nous l’avons vu dans les statistiques, est avant tout
caractérisé par une immigration multiethnique, plus des trois cinquièmes des
nouveaux arrivants ne connaissant pas le français, et plus des deux cinquièmes
ne connaissant ni le français ni l’anglais. Et pour ce qui est des personnes
déjà installées, il s’avère qu’au recensement de 1991, 18 % de la population
immigrée était de langue maternelle française, 14 % de langue anglaise, 65 % de
langue autre que française ou anglaise et 3 %
avait plus d’une langue maternelle. Mais la tendance a fait qu’entre
1981 et 1990, les pourcentages de nouveaux arrivants de langue maternelle
française ou anglaise ont été plutôt en baisse (surtout les immigrants
anglophones), poursuivant la tendance[13]. Ainsi, voit-on par l’engagement du Québec en matière de langue
française un moyen de re-développer l’immigration francophone, ce qui a été
fait comme les statistiques peuvent nous le faire constater.
Car
pour ce qui est des allophones, dont l’arrivée constitue évidemment une
richesse pour le Québec, le problème est que et la majorité d’entre eux vont
profiter de l’indéniable force d’attraction de la langue anglaise, ce qui fait
que leur intégration est rendue plus difficile dans la province francophone,
d’autant plus qu’ils vont aussi avoir tendance à conserver la langue d’origine.
Ainsi des efforts sont demandés par les autorités pour que ces immigrants
parlent français dans leur vie publique, sachant que le maintien de la langue
française est entre leurs mains. La langue française est donc évidemment un
obstacle naturel pour réaliser leur intégration.
Mais
toutefois ce phénomène atteint aussi les francophones. Car si l’usage du
français au travail a progressé ces dernières années, il n’atteint pas 40 %
dans les communications orales des francophones travaillant dans les deux
langues (ils sont 45 % à travailler dans les deux langues à Montréal), et même
40% des francophones en recherche d’emploi se sont vus exiger la connaissance
de l’anglais. Si au travail la francisation est difficile, en revanche pour ce
qui est de la langue d’enseignement, le français se porte bien, les allophones
fréquentant plus facilement les écoles en langue française.
Ainsi,
les gouvernements successifs ont légiféré pour surveiller, préciser et
promouvoir l’utilisation du français face à l’anglais, dans les entreprises et
la vie publique, avec l’appui d’une immigration francophone, tout en
garantissant les différents apports linguistiques pour une bonne intégration du
Québec dans son environnement. Cette politique active est donc animée dans le
seul but de préserver la langue française.
En
1974, le français devient donc la seule langue officielle du Québec, puis en
1977 ont été adoptées la loi 101 et la Charte de la langue française, afin de
protéger l’identité francophone du Québec.
Il
est possible de remarquer que l’entrée en vigueur de la loi
Ces recommandations sont prises en compte lors des plans d’immigration annuels. Ainsi, est-il possible de faire l’évaluation des ambitions justifiant les nécessités quant à l’immigration francophone : si l’avenir démographique du Québec passe la l’immigration diversifiée, l’avenir linguistique est fonction de l’arrivée de Français. C’est de cela que dépend l’essor culturel des Québécois francophones.
C’est ainsi que le Plan d’immigration pour l’an 2000[14] traduit l’affirmation et la promotion de la
langue française : si les immigrants doivent être francisés, il s’agit
également avant tout de permettre une arrivée importante de francophones et de
Français, dans l’intérêt du développement du Québec. Ainsi, du rythme d’arrivée
de 2 500 Français par an il y a encore peu, le Québec veut arriver pour l’an
2000 et les années suivantes augmenter ce chiffre à 5 000 environ., et l’on
verra s’accroître la sélection des candidats d’expression française, dont le
volume des admissions devrait atteindre 12 600 en 1999, entre 13 500 et 14 600
en 2000, et 17 000 en 2002 : ce n’est donc qu’en 2001 ou en 2002 que les
efforts de sélection du Québec donneront leur plein résultat quant à
l’accroissement substantiel des admissions de francophones. L’objectif est donc
qu’ “ au moins 40% des immigrants
admis au Québec connaissent le français à leur arrivée “ , avec
en premier lieu les Français.
Ceci entre en contraste avec le
Canada : la logique du gouvernement fédéral, pour ce qui est des nouvelles
orientations pour la politique et la législation relative aux immigrants et aux
réfugiés, est de mettre en place une réforme de fond en modernisant le
processus de sélection des travailleurs pour rendre le processus d’appel de
l’immigration plus efficace, à favoriser encore davantage la réunion des
familles, à favoriser l’immigration à titre provisoire, à améliorer la
protection des réfugiés ou encore accroître l’efficacité du processus d’appel
de l’immigration.[15]
Ainsi voit-on l’importance de
l’immigration pour la société québécoise. La province cherche à faciliter
l’intégration des nouveaux arrivants, basée essentiellement sur la connaissance
du français comme facteur social principal. Si l’immigrant n’est pas
francophone, des cours et le milieu de travail permettront l’apprentissage de
cette langue, sinon il est forcé de constater qu’incontestablement une faveur
est donnée aux personnes d’origine francophone, à commencer par les Français.
Car il s’agit de faire en sorte que l’effort en la matière soit en phase avec
les efforts d’ensemble de francisation des entreprises prévues par la Charte de
la langue française. En tout cas, l’intérêt implicite peut bien être celui de
l’accélération du processus d’indépendance.
Mais pour cela une incitation active doit être faite auprès des
Français pour satisfaire les besoins d’expatriation de Français vers le Québec
et permettre ainsi permettre toujours plus d’admissions.
Le nombre de Français qui
souhaitent s’établir au Québec est de plus en plus important, les demandes se
faisant toujours plus nombreuses. Il s’agit même d’un véritable phénomène dû
aux liens entre la France et le Québec activés par l’intense campagne d’auto
promotion du Québec et à l’attrait de plus en plus manifeste pour
l’expatriation. Un récent sondage plaçait d’ailleurs le Canada en tête des pays
étrangers où les Français aimeraient travailler, surtout chez les jeunes entre
25 et 34 ans. Ainsi convient-il d’apprécier tout d’abord les avantages que le
Québec met en avant pour séduire les Français candidats au départ avant de
comprendre l’intérêt qu’ont les Français à s’expatrier.
Le choix du Québec comme région
d’immigration est mis en valeur par de nombreux moyens.
Des exemples de réussite sont promus
au travers des media afin de suggérer aux Français de voir le Québec comme une destination
privilégiée pour leur émigration. Par exemple, dans le magazine québécois L’Actualité, en janvier
Mais aussi des programmes
diffusés par des télévisions françaises ont fait état de nombreux exemples de
réussite de Français dans leur émigration pour le Québec. Car au vu de
l’importance de la présence de Français au Québec, présence que nous avons
présentée, l’on veut montrer tout l’intérêt et tout l’avantage que les
immigrants ont eu à s’installer là-bas.
Egalement, il s’avère que très
souvent les personnes présentent en France qui souhaitent s’expatrier au Québec
sont incitées par des exemples de réussite de personnes de leur entourage qui
avant elles ont tenté l’aventure québécoise. Ceci constitue donc une forme de
promotion non négligeable, mais toutefois restreinte.
Enfin, l’activité d’un bon nombre de
sites Internet créés par des Français s’étant établis au Québec et donc ayant
déjà grossi les rangs de l’immigration est une preuve d’exemple de réussite
révélant les possibilités offertes sur place et ne pouvant qu’inciter au
départ.
Ainsi, ce n’est pas le hasard si par
ailleurs le Québec attire des personnes qui ne sont pas d’origine française.
Aussi, le Québec cherche à valoriser
ses atouts de façon à attirer les quelques Français désireux de quitter la
France pour s’installer à l’étranger afin de tenter un nouveau départ, et ce
conformément aux attentes et aux besoins de
Dans la brochure touristique initiée
par les autorités et vouée à la promotion du Québec, sont mis en valeur outre
les atouts touristiques majeurs comme les somptueux paysages, d’autres aspects
comme “ l’Amérique française ”
: ainsi le Québec est présenté comme “ indéniablement
latin, typiquement nord-américain (...) où passé et présent se conjuguent
admirablement. Son chaleureux cachet européen séduit (...) ”. Ce n’est
donc pas le hasard si les Français sont les deuxièmes visiteurs étrangers du
Québec derrière les Etats-Unis.
Mais aussi la promotion du Québec ne
se fait pas au seul niveau touristique.
“ Il faut bien avouer que le milieu de travail et la qualité de vie au
Québec constituent des éléments importants de notre réussite. (...) Les étrangers
se sentent à l’aise chez nous au Québec. ” : voici les propos du PDG
de Communication Ericsson dont les autorités québécoises se font l’écho pour
inciter les étrangers à vivre au Québec. L’invitation à immigrer pour le Québec
est donc claire. D’autre part, cet attrait se fait par la mise en valeur
d’atouts, présentés dans différentes brochures telles que “ Vivre au Québec ”[16]
ou “ Travailler au Québec ”. C’est
pourquoi une promotion est mise en place pour faire comprendre aux Français
désireux de s’expatrier qu’au Québec ils pourront “ vivre l’Amérique en Français ” : ainsi, “ dans un contexte nord-américain
dynamique et francophone, le Québec offre un niveau de vie élevé, de même qu’un
programme complet et universel de sécurité sociale ”.
Toutefois, les éléments mis
essentiellement en exergue, par lesquels le Québec communique et qui peuvent
inciter les Français à s’intéresser au Québec pour leur expatriation sont plus
précis.
C’est ainsi que, situé au nord-est
du continent nord américain, le Québec revendique le statut de véritable porte
d’entrée pour le Français désireux de s’installer en Amérique. Il se présente
d’autre part comme une société moderne et pluraliste qui allie développement
économique à l’américaine à l’influence des cultures européennes, notamment par
le biais de l’immigration qui apporte une richesse culturelle, sociale ou
économique créant un sentiment d’appartenance à la société québécoise. Le
Québec, terre d’accueil séduisante, est donc par là même ouvert sur la
diversité et sur le monde.
Ensuite le Québec a une population
de 7,4 millions d’habitants, avec 6 millions de francophones. Il représente
trois fois la France en superficie, même si la partie habitée correspond à la
superficie de la France (80 % de la population vit sur les rives du
Saint-Laurent, donc en milieu urbain), l’autre partie étant le Grand Nord. 3,4
millions de Québécois vivent dans l’agglomération de Montréal, qui est la
principale région métropolitaine du Québec et la deuxième ville d’expression
française au monde. C’est une ville internationale et cosmopolite, en contact
quotidien avec le milieu des affaires partout dans le monde. Le bilinguisme est
très important dans cette ville ayant beaucoup de rapports avec les Etats-Unis,
notamment au niveau commercial. Le Québec avance beaucoup cet atout.
Enfin et surtout, la majorité de la
population est d’origine française, descendante des colons ayant conquis la
Belle province essentiellement du XVIème au XVIIIème
siècles. Les Français d’aujourd’hui sont invités à poursuivre le processus. Le
défi présenté par le Québec est de pouvoir continuer de vivre en français et de
maintenir une société francophone sur le continent nord-américain: le français
est incontestablement la langue principale, protégée et pratiquée par 82 % de
Aussi, des atouts pour l’immigration aisée et des
investisseurs sont valorisés. Ainsi, le
Québec se présente comme un marché de 393 millions de consommateurs potentiels,
soit la possibilité de conquérir toute l’Amérique du Nord, de nombreux secteurs
d’excellence sont proposés, il s’agit d’une société moderne, bénéficiant d’une
économie ouverte, avec des standards de vie parmi les plus élevés du monde, la
main d’œuvre y est qualifiée, les coûts d’exploitation sont concurrentiels, la
priorité est donnée à la recherche et à l’investissement, il existe un capital
de risque, le Québec bénéficie d’un cadre de vie et d’affaires stimulant pour
un immigrant d’affaires, ...
Il
existe aussi des avantages spécifiques permettant à la France et au Québec de pouvoir
faciliter le départ de Français pour cette province. En effet, des accords
existent par exemple pour éviter une double imposition ainsi que pour la
protection sociale (à savoir pour éviter la double cotisation ainsi que pour
l’assurance-chômage), ou en matière de retraites, ceci afin de faciliter la
démarche.
Mais
d’autre part, les liens économiques sont très forts, puisque la France est le
troisième fournisseur du Québec et son deuxième client. 250 entreprises
françaises sont présentes au Québec (telles Rhône-Poulenc, Bull, Alcatel,
Hachette, Lafarge, ...), procurant 40 000 emplois. Il s’agit de la plus forte
concentration en Amérique du Nord, qui est en proportion 8 fois plus importante
qu’aux Etats-Unis. Mais aussi 100 entreprises québécoises sont présentes en
France (Québécor, Cascades, Bombardier, Nortel, ...), ce qui est beaucoup pour
la taille du Québec, et procurant 18 000 emplois.
La coopération institutionnelle
entre la France et le Québec est très active afin de promouvoir les liens entre
les deux parties et ainsi participer à la promotion du Québec auprès des
Français. Elle est menée principalement sous l’égide de la commission
permanente de coopération franco-québécoise, ce qui permet de mettre en place
des directions et des priorités politiques en matière de coopération, de
secteurs d’intérêts communs et d’initiatives à expérimenter (1997) : ainsi en
est-il pour l’éducation (afin de promouvoir les échanges et l’acquisition
d’expérience dans le respect de l’intégration des immigrants et de
l’apprentissage du français) ou la langue française (que l’on veut garantir
contre l’hégémonie de l’anglais, et promouvoir au niveau international), la
culture, la science et la technologie, le travail, le développement régional,
la coopération institutionnelle et administrative,... .
Ceci entre dans la logique de
relations privilégiées héritées de racines communes en matière de langue et
d’histoire, relations qui sont de plus en plus fortes et qui se sont
diversifiées au cours des années, par les rencontres fréquentes entre premier
ministres, la conclusion d’accords bilatéraux, la commission interparlementaire
franco-québécoise, la commission permanente de coopération franco-québécoise,
la commission mixte ACTIM-QUEBEC, le groupe franco-québécois de coopération
économique, l’office franco-québécois pour la jeunesse (75 000 jeunes français
et québécois ont profité des programmes de l’office pour découvrir l’autres
société durant les trente dernières années grâce aux échanges juvéniles), le
centre de coopération inter universitaire franco-québécoise (avec des échanges
universitaires accompagnés de bourses ayant permis à 2 000 Français d’étudier
au Québec et à 500 Québécois d’étudier en France en 1995 par exemple), les
associations France-Québec (composée de 4 à 5 000 membres) et Québec-France,
d’autres associations (comme Bordeaux-Gironde-Québec[17]), une centaine de jumelage
entre villes, ... montrent ainsi la vitalité des échanges, partenariats et
liens privilégiés unissant les deux communautés, ce qui crée autant de vecteurs
pour des liens de migration vers le Québec.
Le Québec apprécie le réseau qu’il
juge efficace, d’autant plus qu’il est rare qu’il y ait une aussi grande
activité dans les relations entre deux pays, ce qui lui permet de satisfaire
ses besoins en immigration francophone.
De plus, ces contacts étroits sont aussi actifs au niveau institutionnel : la Délégation générale du Québec (DGQ) à Paris et le Consulat général de France à Montréal officialisent ces liens. La DGQ cherche à promouvoir l’intérêt et l’attrait des Français pour le Québec notamment par le biais de sessions d’information permettant de connaître les conditions d’immigration au Québec et l’intérêt à porter pour la “ Belle province ” : une centaine sont organisées chaque année en province, une cinquantaine à Paris, et peuvent être assimilées à une véritable propagande et à une véritable campagne d’auto promotion qui s’avère être efficace au vu de leur succès. Ceci a été institué par les accords en matière d’immigration signés par l’Office français des migrations internationales (OMI) et le Ministère des Relations avec les Citoyens et de l’Immigration du Québec, ayant pour but d’encourager les nationaux français à émigrer au Québec, et faisant de l’OMI un vecteur important dans la dynamique de l’expatriation des Français vers le Québec. Cette grande promotion vise à satisfaire les attentes des autorités québécoises pour ce qui est de l’arrivée sur leur territoire d’immigration d’origine française, et témoigne de l’importance et de l’activité des services québécois d’immigration en France.
Enfin, on peut comprendre que
l’identité québécoise tend à revenir ces derniers temps à la mode en France, et
participe donc à un certain regain d’intérêt pour le Québec : outre les
artistes québécois qui se produisent de plus en plus en France (le principal pays
où les artistes québécois se produisent lorsqu’ils sont à l’étranger) ou le
climat qui participe à ce regain d’intérêt auprès des jeunes français, il
s’avère que le succès du Printemps du Québec organisé en France en 1999 montre
tout l’intérêt que la France porte à la Belle province ; il peut en être de
même de la tenue du sommet de la francophonie à Moncton, en septembre de la
même année, dans le Nouveau-Brunswick, autre province à dominante francophone
du Canada. Tout ceci participe donc à la redécouverte du Québec, et au regain
d’intérêt des Français pour la province.
Les
Français n’ont pas une grande réputation de migrants : sans doute bon nombre de
nos compatriotes se sentent très bien chez eux, et donc ne migrent pas spontanément
afin d’aspirer une nouvelle vie, ou à un avenir meilleur. Et ceci est d’autant
plus caractérisé par le fait que la France est l’une des plus grandes
puissances économiques mondiales, elle est un pays riche, qui accueille
lui-aussi de l’immigration. Toutefois, il peut s’avérer qu’il y ait certaines
raisons qui font que certains Français partent à l’étranger : ainsi le font-ils
pour mener une brillante carrière à l’étranger où leur compétences sont mieux
valorisées, pour vivre une nouvelle expérience et donc tenter le défi de
réaliser quelque chose ailleurs que chez soi, pour y investir (et il s’agit
donc d’une immigration aisée), pour trouver un emploi que l’on ne pourrait
obtenir en France, pour tenter d’améliorer son avenir, ou encore pour des raisons
fiscales.
Il
y a environ un peu plus de 1,6 millions de Français qui vivent à l’étranger,
sur une population d’environ 60 millions, ce qui représente un peu moins de 3 %
de nos compatriotes. Les grandes zones géographiques où sont présents les
Français qui s’installent à l’étranger sont principalement l’Europe de l’Ouest,
où ils sont 814 500, puis l’Amérique du Nord où sont présents 349 300 de nos
compatriotes, puis l’Afrique où vivent 137 000 ressortissants Français. Ensuite
viennent par ordre décroissant de présence l’Asie et l’Océanie, le Proche et le
Moyen Orient, l’Afrique du Nord, l’Amérique du Sud, et enfin l’Europe de l’Est.
Mais pour ce qui est des pays, les Etats-Unis sont en tête avec la présence de
224 500 Français, puis vient la Grande-Bretagne avec 153 600 de nos
compatriotes, puis viennent l’Allemagne (148 500) et la Belgique (129 800). Le
Canada n’arrive qu’à la cinquième place avec la présence sur son territoire de
124 800 Français. Puis on trouve par ordre décroissant la Suisse, l’Espagne,
Israël, l’Australie, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Brésil, l’Argentine,...[18]
Ainsi
voit-on que les Etats-Unis et les pays voisins de la France sont les destinations
privilégiées, la première par l’attrait évident de l’Amérique offrant la
possibilité de la libre entreprise et de la réussite individuelle, la seconde
du fait de la facilité de pouvoir s’installer à l’étranger, immédiatement à
proximité de
Toutefois
l’on n’immigre pas délibérément dans le souhait de vouloir changer de vie, il y
a toujours une certaine détresse économique quelque part, ou encore un certain
malaise.
De
nos jours, les Etats favorisant l’immigration sont rares : seuls l’Australie et
le Canada effectuent une sélection des candidats à l’immigration. La politique
d’incitation à l’immigration du Québec, dont les raisons invoquées sont d’ordre
économique et démographique, ne peut que séduire nos compatriotes qui cherchent
à émigrer pour réussir à l’étranger, par un changement de vie lié à une
aventure exceptionnelle, marquée par l’incertitude et l’espoir de la réussite
de l’entreprise. Les services de l’immigration à l’ambassade du Canada à Paris
expliquent eux cet intérêt des Français pour l’expatriation, notamment au
Québec, par le fait que les candidats mécontents de leur sort en France veulent
l’améliorer pour des raisons économiques ou personnelles, par fuite ou par
besoin de changement, par le fait de ne plus avoir d’affinités avec
Ainsi,
le Québec et le Canada, outre leurs atouts évidents, offrent des facilités
permettant de satisfaire les désirs d’installation des jeunes Français désireux
de vivre “ l’Amérique en français ”, et donc d’entretenir ce mythe
américain dont nous imitons ou importons certains aspects. Le candidat à
l’expatriation, animé par la volonté de décider son sort plutôt que de le
subir, choisira le Québec comme lieu de sa vie future pour des raisons très
précises et arrêtées :
- la qualité de vie du Canada, pays qui a le
meilleur indice de développement humain au monde[19],
- le rêve d’un pays vaste et magnifique,
ayant l’une des plus faibles densités au monde, avec le mythe de la nature,
permettant un mode de vie typique de l’Amérique du Nord avantageux tout en pouvant
continuer à pratiquer le français;
- une culture libérale permettant de vastes
possibilités d’emploi, sachant que le Canada favorise le développement des
affaires;
- un marché en pleine croissance et en avance
sur l’Europe;
- un pouvoir d’achat fort et un niveau de vie
élevé;
- une sécurité sociale très avantageuse;
- une indépendance permettant l’affirmation
de valeurs propres par la possibilité d’une réussite personnelle avec de
meilleures relations;
- une société respectueuse des droits
individuels et collectifs, au travers notamment de la Charte des droits et
libertés de la personne;
- l’enthousiasme de l’aventure permettant un
nouveau départ dans la vie, meilleure et différente face à la fatigue vis-à-vis
de l’insécurité des grandes villes françaises, du coût de la vie, de la
situation politique, du problème des mentalités, de la vie à l’européenne...
Mais
aussi, les Français qui s’expatrient au Québec le font par la volonté de donner
un meilleur avenir pour leurs enfants dans une nouvelle société. Ceci est dû à
l’idée récurrente qu’en Amérique tout le monde a droit à sa chance, à valoriser
ses compétences grâce à l’initiative personnelle, par le fait que la valeur des
diplômes n’a pas la même importance qu’en France.
Aussi
se démarque le fait que l’on oppose un certain égalitarisme des chances au
Canada à la hiérarchisation de la société française : en effet, selon Pierre
Boucher, “ de nombreux témoignages
de Français permettent d’affirmer que les rapports d’autorité au Québec
-peut-être est ce le cas en Amérique- sont beaucoup plus faciles qu’en Europe
et en France ”.
Bien
sûr il y a également le fait que certains de nos compatriotes cherchent à
rejoindre leur époux ou épouse de nationalité canadienne pour vivre avec au
Québec.
L’aspect
francophone et les liens particuliers jouent donc pour beaucoup dans ce qui est
de l’expatriation de bon nombre de nos compatriotes vers le Québec : l’on a
donc une vie américaine sans les inconvénients des Etats-Unis, dans un contexte
de société pluraliste : ces personnes ont bien été la cible de la promotion du
Québec.
Mais
aussi de nombreuses personnes partent au Québec dans l’objectif de revenir en
France avec une formation et une expérience acquises là-bas, et d’autres, comme
le pense P. Boucher, par la volonté d’aller s’installer aux Etats-Unis : en
effet, le Québec constituerait un moindre risque pour l’immigrant français, un
prétexte pour accéder vers ce monde meilleur tant attendu.
L’émigration
vers le Québec est donc liée à l’espérance de cet avenir meilleur au niveau de
nécessités économiques, car la recherche d’un emploi bien rémunéré est la
motivation essentielle.
Le
désir de rechercher ailleurs un emploi bien rémunéré dans le nouveau monde
constitue toutefois la démarche essentielle pour s’expatrier. En effet, les
candidats à l’expatriation vers le Québec s’imaginent qu’il existe un vrai
gisement d’emploi dans ce nouveau pays, et cherchent donc un nouveau départ dans
leur vie. Or les conditions de travail ne sont pas équivalentes en France et au
Canada. Des régions telles que Vancouver ou Ottawa ont des atouts dans certains
domaines, mais en fait il semble que se diriger vers le Québec soit plus
naturel du fait de cette plus grande proximité culturelle et linguistique.
Recommencer une vie là-bas est donc plus facile.
En
effet, outre les conditions linguistiques, il s’avère que si le PIB par
habitant québécois (20 840 $ US per
capita) est inférieur à celui du reste du Canada (21 529 $ US, ce qui fait
de ce pays le 9ème rang mondial), il est en tout cas légèrement
supérieur au PIB par habitant de la France (20 533 $ US, 13 ème rang
mondial), ce qui fait que le Québec serait plus avantageux que la France[20].
D’autre
part, il existe un attrait incontestable pour les entreprises locales. De même,
l’université est très prisée pour sa formation dans des secteurs de pointe,
d’autant plus que les échanges sont nombreux entre le milieu universitaire et
le milieu industriel. Enfin, la province est située dans la zone d’influence du
Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Au
total, les raisons qui sont les plus démarquées sont avant tout des nécessités
ou des volontés économiques que l’on veut relier avec l’identité francophone du
Québec, qui serait donc la destination naturelle du Français qui cherche à
s’expatrier en Amérique du Nord. Mais quelques personnes partent au Québec
avant de se rendre compte qu’il vaudrait mieux aller aux Etats-Unis ou dans
d’autres provinces du Canada pour elles, l’aspect de la francophonie ayant été
dans un premier temps prédominant sur l’aspect économique. L’ouverture
économique est bien la motivation essentielle.
Toutefois,
il conviendrait pour l’immigrant de faire preuve de réalisme afin d’éviter
certaines désillusions ou déceptions.
Dans ce contexte, une détermination
sans bornes est nécessaire : il s’agit d’un challenge à relever, pour un temps
ou pour
Ainsi, entre les attentes que
peuvent constituer le départ pour le Québec et la réalité quotidienne à
laquelle l’immigrant français doit s’attendre, il risque d’y avoir certaines
différences : travailler y est bien sûr indispensable, avec les mêmes
difficultés qu’en France, notamment au regard du taux de chômage et en plus
avec la contrainte de ne pas bénéficier d’un poste définitif, l’on peut
craindre de se reconnaître comme totalement étranger à ce pays d’accueil, avec
tous les risques de méfiance de la part des personnes déjà installées pouvant
sentir l’immigrant comme un spoliateur de travail promis aux populations
locales, de plus les diplômes français ont du mal a y être reconnus, ce qui
doit nécessiter une remise en question permanente ainsi que le fait de faire
ses preuves constamment, les difficultés vis-à-vis des prestations sociales,
différentes de celles de
La volonté de partir pour résoudre
un problème social, familial, professionnel est une décision forte. Prendre un
nouveau départ est en quelque sorte un pari sur l’avenir. Car cela nécessite de
couper les ponts avec sa famille et ses amis, de ne plus avoir de biens
immobiliers à entretenir en France, ce qui passe par la vente de ses avoirs,...
Aussi il s’agit de quitter volontairement son emploi avant d’en trouver un dans
le nouveau monde, ses habitudes et son confort pour tenter une aventure
risquée, dont le succès n’est pas garanti.
C’est
pourquoi une préparation particulière est nécessaire pour surmonter ses
inquiétudes, et la réussite est conditionnée par la catégorie d’immigration. En effet, la recherche d’emploi à l’étranger obéit aux mêmes règles
que la recherche d’emploi en France, avec une touche d’exotisme en plus. Cette
recherche sera d’autant plus fructueuse qu’elle sera organisée, motivée et
inventive. Il s’agira donc de recueillir des renseignements auprès des
associations, mais aussi d’avoir une certaine détermination pour le départ vers
le Québec. Car trouver un travail est la première préoccupation, il s’agit de
comprendre que certaines professions sont réputées être inadmissibles, alors
même que d’autre sont très recherchées, bien que le taux de chômage soit
équivalent à celui de
Il
existe donc en fait un candidat idéal qui s’avère être jeune, à la fois
spécialisé et polyvalent, avec une certaine expérience de travail mais
toutefois ouvert au changement, ce qui est l’une des valeurs les plus
caractéristiques du migrant. Car l’engagement est lourd, il existe des
conditions particulières liées à l’établissement, liées à la sélection des
immigrants. Toutefois, il s’avère aussi que l’on ne doit pas prendre à la
légère certains obstacles liés à l’établissement, à commencer par le climat qui
s’avère être de type continental, très rude l’hiver. Ce n’est qu’une fois sur
place que l’immigrant pourra effectivement se rendre compte, mais toutefois il
devra passer par le processus de sélection.
Le
Québec reçoit beaucoup d’immigration, or il doit satisfaire à certains besoins
notamment aux niveaux linguistique et démographique, ce qui est indiqué dans le
Plan d’immigration de l’an 2000. D’autre part, il semble que de nombreux
Français soient réceptifs aux propositions du Québec et souhaitent s’établir
nombreux au Québec, en tout cas plus nombreux que ce qui est prévu par les
autorités. Ainsi, il s’agit de comprendre la procédure permettant au Québec de
sélectionner les immigrants, dans le seul intérêt de faire en sorte que
l’immigration soit profilée, donc réussie, avec la garantie qu’elle soit
définitive. Car bien entendu tous les Français qui voudront s’expatrier pour le
Québec ne le pourront pas : sur 10 000 candidats en moyenne chaque année, seul
un gros tiers d’entre eux pourront effectivement partir, dans le respect du
Plan annuel d’immigration, et ainsi respecter les besoins du gouvernement
québécois. Présentons donc le processus d’immigration, première rencontre des
candidats français à l’expatriation avec le Québec.
Les autorités québécoises sont responsables tant de la sélection que de l’établissement des immigrants. Il existe donc à ce titre une politique très établie. Mais toutefois l’immigrant devra se débrouiller seul par la suite.
Le Québec a une compétence
particulière dans l’Etat fédéral canadien lui permettant de sélectionner
lui-même ses propres immigrants en fonction de ses propres critères, toujours
dans l’objectif d’un accueil maximal de francophones. L’on retrouve ici la
traditionnelle méfiance de la part du Québec vis-à-vis du fédéralisme canadien,
du Canada anglophone. Car l’idée est toujours celle du souverainisme québécois,
un référendum en la matière étant prévu avant 2003.
En tout cas, le Québec n’ayant pas à
favoriser directement l’immigration des Français, en vertu du principe fédéral
de non-discrimination, et ne pouvant seulement que l’encourager, il propose aux
Français incités à partir nombreux le même processus administratif que les
autres immigrants, en fonction des critères économiques, pour profiler le
recrutement et faire en sorte que la démarche soit la plus réussie possible
pour que l’accueil et l’intégration futurs aux niveaux sociaux, fonctionnels et
matériels soient les plus favorisés possible. L’on ne veut pas faire n’importe
quoi, car il s’agit tout de même avant tout de recruter une force de travail
rentable vouée à partir et à rester au Québec. Ceci entre bien en accord avec
la politique de recrutement de main d’œuvre étrangère, préférablement jeune,
francophone et dotée de qualifications précises. Il s’agit donc du premier
contact de nos compatriotes avec les autorités et avec l’administration du
Québec.
Les
procédures d’immigration vers la province canadienne du Québec relèvent à la
fois de la compétence du Canada et du Québec, ce qui permettra de présenter les
règles établies par les autorités fédérales et par les autorités provinciales. Car
si le Québec dispose de pouvoirs propres en la matière, ceci vise avant tout à
s’affirmer face au pouvoir fédéral dont il se méfie, et donc par-là même de
permettre de maintenir un droit de regard en fonction de ses propres intérêts.
Ainsi, les divers besoins du Québec en matière d’immigration vont être inclus
dans les critères.
Pour immigrer au Québec, il existe
un partage de compétences entre les autorités fédérales et les autorités
provinciales (seul le Québec à droit à cette
faveur), et ceci depuis plus de vingt ans. Les responsabilités de chaque
gouvernement sont actuellement établies par l’accord Canada - Québec relatif à
l’immigration et à l’admission temporaire d’étrangers (accord Gagnon - Tremblay
- McDougall) signé le 5 février 1991, et sont traduites dans les lois et
règlements qui relèvent du ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration du
Canada et du ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration
(MRCI) du Québec, qui dispose d’un service d’immigration propre par
l’intermédiaire de bureaux situés à l’étranger, les Délégations générales du
Québec, dont une présente à Paris. Il existe donc une véritable politique
d’immigration, basée sur l’égalité des chances pour tous les immigrants.
Ainsi, l’accord prévoit qu’il s’agit
pour les autorités québécoises de sélectionner les immigrants de la catégorie
des indépendants et des personnes en situation de détresse ou encore de recevoir
les engagements souscrits par les garants dans le cadre du parrainage, les
autorités fédérales traitant les aspects du dossier qui sont exclusivement de
juridiction fédérale, à savoir la vérification de l’état civil, de l’état de
santé et des antécédents. Les deux autorités partagent leurs compétences pour
ce qui est de la responsabilité d’autoriser certains séjours temporaires, ce
qui limite la compétence québécoise.
Mais l’accord confère aussi au
Québec la possibilité de déterminer ses propres objectifs quant au volume ou
aux composantes de l’immigration à destination de son territoire, c’est-à-dire
la maîtrise d’œuvre dans l’accueil et l’intégration linguistique, culturelle,
économique des nouveaux arrivants : ainsi le Québec peut déployer sa démarche
avec un objectif final souverainiste, à savoir une plus grande francisation de
la société québécoise.
Toutefois, ce sont les autorités
canadiennes, et seulement elles, qui ont la responsabilité exclusive de
l’admission et de la présence des ressortissants étrangers sur le territoire
qu’elles administrent, car seules elles peuvent émettre des visas, ce qui
limite l’amplitude du Québec dans le choix des immigrants. Le Canada
réceptionne les demandes de résidence permanente sélectionnées par sa propre procédure
ou par la procédure québécoise. Et ceci est d’autant plus affirmé que la
définition des catégories générales d’immigration, ainsi que la détermination
des personnes qui doivent faire l’objet d’un parrainage (ainsi que la
reconnaissance du statut de réfugié) incombent aux autorités canadiennes. Bien
évidemment, ce sont elles aussi qui délivrent la nationalité canadienne aux
résidents permanents qui sont installés sur le territoire depuis un temps
estimé suffisant. Ainsi donc, l’admission, les conditions relatives au séjour ,
pour ce qui est de l’admission, et les éventuelles expulsions, pour ce qui est
de la présence sur le territoire, sont des responsabilités exclusives du
gouvernement fédéral.
Concrètement, le droit fédéral sur
l’immigration distingue les statuts de citoyen canadien, de résident permanent,
de réfugié, de visiteur ou de titulaire de permis ministériel.
Pour ce qui est du résident
permanent, il s’agit d’une personne qui a obtenu des autorités canadiennes le
droit d’établissement, c’est-à-dire l’autorisation de s’établir de façon
permanente au Canada. Et après avoir totalisé au moins trois ans de résidence
légale au Canada au cours des quatre années précédent sa demande de
citoyenneté, le résident permanent peut obtenir la citoyenneté canadienne. La
perte du statut peut se faire notamment lors d’un séjour à l’étranger d’au
moins six mois sur une période de douze mois sans manifester clairement la
volonté de revenir au Canada. Comme nous le verrons, il existe trois catégories
: les immigrants indépendants (comprenant les travailleurs qualifiés
sélectionnés par un système de points, les gens d’affaires et les parents aidés),
la famille et les situations de détresse.
Pour ce qui est du visiteur, il
s’agit d’une personne qui à titre temporaire se trouve légalement au Canada,
comme le touriste, le travailleur
temporaire et l’étudiant étranger, et qui n’a pas vocation à acquérir la
citoyenneté canadienne. L’admission de résidents temporaires relève donc
conjointement des deux gouvernements.
Ainsi, lorsqu’une personne
contrevient à la loi durant son séjour au Canada, les autorités fédérales
peuvent décider d’une interdiction de séjour de cette personne, à ses frais.
Mais des personnes sont aussi
titulaires d’un permis ministériel, et d’autres encore sont sans statut
(personnes ayant revendiqué le statut de réfugié, personne bénéficiant de
considérations humanitaires, réfugié reconnu sur place, ...).
Ainsi, le gouvernement canadien est responsable pour
le contrôle des frontières, la reconnaissance du statut de réfugié au Canada,
le droit d’un étranger de demeurer au pays et l’émission des visas pour les
visiteurs.
Elles
sont régies par la loi sur l’immigration du Québec (L.R.Q., chap. I-0.2)
mettant en place:
- le règlement sur l’octroi de prêts à des
immigrants en situation particulière de détresse;
- le règlement sur la pondération applicable à la
sélection des ressortissants étrangers;
- un arrêté ministériel concernant la prescription
de formulaires pour la présentation d’une demande de certificat de sélection,
de certificat d’acceptation, d’engagement et pour la souscription d’un
engagement ainsi que pour la présentation d’une demande de prêt par un
immigrant qui est dans une situation de détresse;
- le règlement sur la sélection des ressortissants
étrangers;
- le règlement sur les services d’intégration
linguistique et sur l’assistance financière.
Toutefois,
le problème est que cette loi sur l’immigration, entrée en vigueur en
En vertu de l’accord entre le gouvernement du Canada et celui de la
province du Québec, la sélection des immigrants aux plans qualifications,
ressources et adaptabilité, dans les catégories des indépendants et des gens
d’affaires est de la compétence propre des services d’immigration de la
province du Québec, pour les autres provinces de celle du gouvernement fédéral canadien.
Pour immigrer au Canada en-dehors de la province du Québec, les candidats à
l’immigration doivent donc s’adresser aux autorités canadiennes.
Ainsi,
au niveau des institutions, c’est en septembre 1996 qu’est entrée en vigueur la
loi constitutive du ministère des Relations avec les citoyens et de
l’Immigration, sous sa nouvelle appellation. Cette loi présente une vision
moderne de la citoyenneté et affirme la volonté gouvernementale de renforcer le
sentiment d’appartenance à la société québécoise de tous les citoyens, et
futurs citoyens, ou autrement dit des résidents permanents de toutes les
origines. Son rôle se situe donc tout au long du processus d’immigration[21] et d’intégration[22] des nouveaux arrivants, ainsi que des liens privilégiés à entretenir avec
les membres de la société québécoise. Mission est donc donnée au Québec de “ promouvoir et de soutenir dans les
faits et pour tous, le plein exercice des droits et responsabilités que confère
la citoyenneté au Québec ”. En créant le MRCI, le gouvernement a
regroupé l’immigration et l’établissement des nouveaux arrivants, le Directeur
de l’état civil, la Direction générale de l’information gouvernementale et
Communication-Québec, tout en confiant la responsabilité de certains
organismes.
Le
ministre, actuellement Robert Perreault, est “ responsable de la promotion des droits et libertés de la
personne, et favorise l’exercice par les citoyens de leurs responsabilités
civiques et sociales. Il est chargé de promouvoir la solidarité, l’ouverture au
pluralisme et le rapprochement culturel, favorisant ainsi l’appartenance au
peuple québécois. Le ministre est aussi chargé de l’immigration ”. Le
ministre a donc des responsabilités en matière de relations civiques (notamment
dans le cadre des relations entre les citoyens, de nationalité québécoise ou
non, pour plus d’égalité, de dialogue, dans la protection des personnes), de
relations entre l’Etat et les citoyens, et d’immigration (par la définition des
objectifs quant au nombre de ressortissants étrangers admissibles au cours
d’une période donnée en tenant compte des besoins et de la capacité d’accueil
de la société, dans le respect des valeurs de réunification familiale et de
solidarité internationale; d’informer, de recruter et de sélectionner les
immigrants et de faciliter leur établissement au Québec; de favoriser
l’apprentissage du français chez les nouveaux arrivants; de favoriser
l’intégration linguistique, sociale et économique des immigrants à la société
québécoise; de favoriser la contribution de la société à l’intégration des
immigrants)[23].
Mais
convient-t-il de comprendre la démarche que les immigrants doivent entreprendre
en vertu des règles établies afin de voir aboutir leur demande de résidence
permanente, qui est le statut qui leur est attribué.
Les procédures d’immigration
permettent à quiconque désire s’établir au Québec de présenter une demande
d’immigration. Toutefois, les facilités dépendent de nombreuses conditions, à
commencer par
Ainsi l’on peut s’expatrier pour le
Québec selon les différents statuts, en vertu des règles établies, c’est-à-dire
en tant que travailleur indépendant salarié et qualifié, d’homme d’affaires
(ces statuts dépendent d’une décision de plein gré à choisir à la candidature),
mais aussi sous forme de parrainage si l’on a déjà des membres de sa famille
installés, ou dans le cadre de réfugié, cas qui toutefois ne concerne pas les
Français. Les catégories sont donc liées aux critères économiques, toutefois
modulées en fonction de considérations linguistiques par exemple. En aucun cas
il n’y a de quotas en fonction des origines des immigrants : seuls les
objectifs du Plan d’immigration permettent de satisfaire aux autres
considérations.
C’est ainsi que lors de sa demande,
la procédure doit se faire par l’intermédiaire de la Délégation générale du
Québec à Paris, dépendant du ministère des Relations avec les citoyens et de
l’Immigration.
Lorsque la sélection des immigrants
en vertu des critères que nous allons voir plus tard est décidée par le Québec,
elle est communiquée aux autorités canadiennes qui traitent des aspects de
juridiction fédérale (c’est-à-dire de l’état-civil, de l’état de santé ainsi
que des antécédents).
L’étude du dossier de sélection se
fait en moyenne entre 6 et 12 mois, les frais de traitement des dossiers
d’immigration étant perçus par le gouvernement québécois. Le gouvernement
canadien lui perçoit les frais de visa ainsi que les droits d’établissement.
Mais également travailler au Canada, même à titre provisoire, est soumis à
l’autorisation de l’ambassade.
Avant de commencer à procéder à
toutes les démarches, il est conseillé aux candidats français à l’immigration
de participer à une réunion d’information organisée par la Délégation générale
du Québec dans différentes villes françaises. La réunion d’une durée de deux
heures se compose d’un petit film à vocation touristique, d’un exposé sur le
Québec traitant entre autres de la réalité économique du pays, du droit des
étrangers ou encore de la vie quotidienne, avant la séance de questions. C’est
ainsi que le candidat à l’immigration confirmera ou non le souhait de s’établir
au Québec. Lors de la réunion qui s’est déroulée en février 2000 à Bordeaux, il
a été souligné qu’un Bordelais n’a obtenu son visa qu’au bout de 14 mois, ce
qui montre que la motivation et la réflexion sont nécessaires pour engager les
procédures. Ainsi, en moyenne une personne sur quatre qui assiste à ces
réunions d’information présente sa candidature, en renvoyant le Questionnaire
préliminaire d’Immigration[24] remis à l’entrée.
Mais également il est possible de demander
ce questionnaire directement aux bureaux de la délégation à Paris ou bien de le
charger par le biais d’Internet.
Ce questionnaire permet d’établir
une demande de renseignements succincts sur le requérant principal (l’état
civil, les études, l’occupation actuelle et celle envisagée au Québec, la
catégorie d’immigrant, les connaissances linguistiques, ...) et doit être
destiné aux services d’immigration du Québec ou à l’ambassade canadienne qui
transmet, accompagné d’une fiche de suivi de l’OMI.
Les autorités ont trois mois pour
répondre, sinon l’on peut considérer qu’il s’agit d’une décision implicite de
rejet. Il y a environ 55 % de chances de succès quant à une évaluation
fructueuse de la candidature.
Si une suite est donnée, une
procédure de demande de certificat de sélection ou DCS (pour l’établissement au
Québec à titre permanent) et de visa de résidence permanente au Canada est
effectuée. Ici l’évaluation est un peu plus détaillée, et l’on demande des
documents faisant foi des déclarations pour justifier le salaire, l’expérience
ou les réserves financières[25].
Les renseignements demandés sont sensiblement les mêmes que lors de l’étape
précédente.
C’est ici que sont demandés les
premiers frais. L’on procède à un examen officiel de la candidature sur
réception de
Il y a 85 % de succès parmi ceux qui
ont été sélectionnés à l’issue de la présélection, les refus étant généralement
dus à des informations fournies de façon incorrecte ou sciemment erronées.
Cette phase dure de trois à cinq mois.
Jusqu’à présent, entre trois et cinq
mois se sont écoulés dans les meilleurs cas, mais toutefois le Québec envisage
de baisser les délais dans l’intérêt du candidat à l’immigration.
Voici les
frais d’obtention du certificat de sélection du Québec, par catégorie
d’immigrants :
CATEGORIE |
FRAIS EXIGES
PAR LE QUEBEC |
Travailleur
indépendant |
300
$ CA (requérant principal) + 100 $ CA (par personne à charge qui
l’accompagne) |
Investisseur |
850
$ CA (requérant principal) + 100 $ CA (par personne à charge qui
l’accompagne) |
Entrepreneur ou travailleur autonome |
700
$ CA (requérant principal) + 100 $ CA (par personne à charge qui
l’accompagne) |
Parrainage famille |
250 $ CA pour époux, épouse ou fiancé(e) et 100$
CA par enfant à charge |
Source : Délégation générale du Québec, Paris
Une fois la procédure québécoise
terminée, le candidat à l’immigration ayant obtenu son Certificat de sélection
du Québec, les autorités fédérales prenant le relais en vertu de leurs
compétences pour permettre au candidat à l’immigration au Québec ayant obtenu
son certificat de sélection du Québec d’obtenir à présent son visa de résident
permanent au Canada grâce au formulaire IMM 008. Le droit de regard s’exerce
donc quant à l’accueil des candidats à l’immigration sur leur territoire.
Tout d’abord, les autorités
fédérales procèdent aux examens statutaires (la santé ainsi que la sécurité
sociale), elles vérifient les antécédents judiciaires avec l’extrait de casier judiciaire
et elles procèdent à une visite médicale par un médecin accrédité par
l’ambassade. Divers frais et documents sont à fournir par le candidat. En cas
de décision négative une lettre de refus est établie par les autorités
canadiennes, sinon l’on peut procéder à la délivrance du visa pour obtenir le
statut de résident permanent au moment d’arriver au Canada par l’obtention du
visa délivré tant pour le requérant principal que pour chacun des membres de la
famille l’accompagnant.
Il y a 99 % de chances de succès
pour les Français, les problèmes étant dus aux antécédents judiciaires ou au
refus pour cause médicale (à cause d’un risque de mise en danger de la santé
des canadiens, certains métiers et professions étant réglementés en la matière
ou de problèmes entraînant un “ fardeau excessif ” pour les services
de santé).
Pour la procédure fédérale, les
sommes à verser sont de 500 $ par adulte, pour les frais d’établissement, et de
950$ par visa, cette dernière somme correspondant à une “ taxe de bienvenue ”
ou taxe à l’établissement, qui est remboursable en cas de renonciation à
l’immigration. L’installation au Canada doit se faire dans les 12 mois suivant
la visite médicale.
Les candidats à l’immigration ayant
satisfait à toutes ces obligations très restrictives et sélectives bénéficient
à présent d’un statut de résident permanent individuel pour chaque membre de
Toutefois, il existe une condition : le séjour sur
le territoire canadien doit être supérieur à six mois par an pour conserver le
statut, sauf exceptions. Un visa de retour est alors nécessaire.
Mais voyons plus en détail la sélection des immigrants
sur laquelle est basée la procédure.
Les immigrants français ayant
satisfait à toutes les obligations de la procédure ont été sélectionnés, comme
les autres, selon deux catégories : celle des indépendants (c’est-à-dire celle
liée aux caractères économiques) ou et celle du parrainage. Les modalités sont
très voisines à celles pratiquées par les autorités fédérales pour les autres
provinces du Canada. Ceci a pour but de contrôler les demandes par rapport au
nombre de personnes que les autorités souhaitent admettre dans le cadre du Plan
d’immigration présenté plus haut en fonction des besoins. C’est ainsi que
l’immigration francophone est privilégiée dans les rubriques qui sont liées à
l’économie.
Pour ce qui est des indépendants, il
s’agit de majeurs de 18 ans et de leur famille venant au Québec pour exercer un
emploi ou mener des affaires, ainsi que des personnes à charge les accompagnant.
Ils doivent être évalués au moyen d’une grille de sélection établie par le
Québec. Selon leur statut, il existe une classification en trois groupes: celui
des travailleurs indépendants, celui des gens d’affaires (entrepreneurs,
investisseurs et travailleurs autonomes), ou les parents aidés. La grille de
sélection tend à choisir au mieux les immigrants en vertu des renseignements
demandés lors de la procédure d’immigration. Mais s’il s’agit de travailleurs
on prend aussi en compte leur capacité d’adaptation et leurs possibilités
d’emploi au Québec. Dans le cas des gens d’affaires on évalue principalement
leurs projets d’affaires ou leurs placements dans les sociétés québécoises.
Pour ce qui est des travailleurs indépendants, leur vocation est d’occuper
des emplois correspondant aux formations privilégiées (universitaires, DUT ou
BTS,...), mais aussi aux professions en demande, à moins qu’ils ne disposent
d’un emploi dont ils peuvent faire préalablement la preuve aux services
d’immigration. Les critères se font donc en fonction des besoins du marché du
travail du Québec, mais sont aussi profilés en fonction d’autres
caractéristiques. Les Français s’expatrient pour le Québec essentiellement dans
cette catégorie[26].
C’est ainsi que le travailleur indépendant
qui veut s’expatrier au Québec se reconnaît en fonction des modalités
suivantes:
- L’offre
d’emploi ferme, qui concerne 15 % des Français: elle est déposée par
l’entreprise auprès des services du ministère, et est acceptée après
vérification des efforts de l’entreprise pour recruter sur place (afin de ne
pas pénaliser la main d’œuvre locale). Le candidat à l’immigration qui a donc
une offre d’emploi au Québec acceptée voit donc la procédure facilitée.
- La
présélection par les professions en demande. Elle révèle l’importance de bien
remplir les questions du formulaire s’y référant, tout en pouvant prouver que
l’on a plus de six mois d’expérience et/ou de stage dans cette profession, ce
qui permet une procédure facilitée. Il existe à l’inverse des professions
inadmissibles fermant les portes de l’immigration. Une possibilité pour
l’immigrant serait donc d’effectuer la sélection par le conjoint qui n’aurait
pas cette difficulté pour que la demande puisse aboutir.
- Le profil
ou la pondération des critères, au travers d’un système de points, prenant en
compte les deux situations présentées ci-dessus de façon particulière. La
présélection se fait selon des caractéristiques socioprofessionnelles,
accordant un certain nombre de points : 30 sur 52 possibles sont nécessaires
durant la procédure préliminaire[27],
et 65 (70 avec un conjoint, qui lui aussi fait bénéficier de points) lors de la
demande d’immigration, plus descriptive[28].
Le “ scoring ” se fait en fonction de critères permettant de cumuler
des points pour estimer si la candidature est recevable, en fonction de la
formation scolaire et professionnelle (il ne faut pas avoir d’emploi
inadmissible), de l’expérience professionnelle (d’au moins six mois sous peine
de voir sa candidature éliminée), de l’âge, des connaissances linguistiques (la
connaissance du français est sur-valorisée par rapport à celle de l’anglais
d’autant plus que si les études post-secondaires se sont faites en français),
de séjours au Québec, de la présence de parents ou d’amis au Québec, ... Le
rôle de la famille est important pour ce qui est des enfants, de la langue ou
de la formation du conjoint.
Ainsi peut-on voir des procédures
sélectives quant à la sélection des immigrants potentiels, et ce pour cerner le
bon profil de l’immigrant que l’on désire voir s’installer sur son territoire :
le Québec cherche donc des immigrants correspondant à des catégories précises.
Ce bon profil est essentiellement basé sur les points que l’immigrant se voit
attribuer, et correspond aux facteurs qui peuvent influencer les chances des
candidats de réussir leur intégration à la société québécoise. Il s’avère que
plus un candidat est âgé et plus il aura d’expériences de travail qu’un jeune,
donc il n’est jamais inutile pour un candidat de renoncer à son projet. Mais il
s’avère que des éléments ébauchent des critères précis qui s’avèrent être les
plus favorables, à savoir: être âgé de 23 à 35 ans, avoir une maîtrise du
français excellente (même si la connaissance de l’anglais est un atout), avoir
une formation sanctionnée par un diplôme, avoir une expérience diversifiée,
avoir une bonne connaissance du Québec, et avoir des ressources suffisantes
pour assurer l’autonomie des premiers mois. Mais d’autre part, si certaines
professions présentent de meilleures possibilités d’emploi sur le marché
québécois, il existe par contre un protectorat dans d’autres, les rendant
par-là même difficiles d’accès.
Ainsi, l’atout majeur est de
connaître le français, sur valorisé, mais encore faut-il avoir des compétences
reconnues.
Il est possible de noter que les critères de sélection des immigrants pour le Canada anglophone sont proches de ceux du Québec, reposant sur l’âge, les études, la formation, le métier, l’expérience, l’offre et la demande sur le marché canadien du travail, l’emploi réservé (c’est-à-dire garanti d’un employeur canadien), l’expérience, la connaissance de la langue anglaise et/ou française quoique ceci soit peu favorisé, les qualités personnelles, les parents au Canada. Ces différents domaines donnent droit à des points, dont un seuil minimal de 70 est exigé. Parallèlement il existe un programme spécifique pour l’installation des gens d’affaires, à savoir les investisseurs, les entrepreneurs, les travailleurs autonomes, comme au Québec. Toutefois une place importante est accordée à l’auto évaluation du requérant.
Pour ce qui est des gens d’affaires, leur vocation est de
créer des emplois : ils cherchent à immigrer au Québec afin d’investir ou de
créer une entreprise. Il semble que le traitement de leurs demandes soit assez
long, mais toutefois le Québec a ces dernières années ouvert les portes de
l’immigration à cette catégorie dans l’intérêt du développement économique.
Toutefois, il tente d’en limiter l’arrivée en vertu du nouveau plan
d’immigration, grâce à certains critères pour sélectionner les arrivants selon
des critères propres : les autorités québécoises effectuent donc un bilan pour
la formation du projet en tête, au-delà des critères développés par le
“ scoring ” dans la catégorie précédente.
Ainsi pour les candidats
investisseurs, une expérience d’au moins trois ans est exigée en matière de
gestion d’entreprise, ils doivent avoir un capital net d’au moins un 500 000
dollars canadiens, et s’engager à investir pour cinq ans un montant minimum de
350 000 dollars canadiens dans des activités bien précises, ou si l’on n’a pas
d’expérience les conditions sont plus exigeantes, mais toujours dans le but
d’assurer la prospérité de l’économie québécoise et de la préservation ou de la
création d’emploi.
Pour les candidats entrepreneurs, le
candidat doit posséder un avoir net d’au moins 200 000 dollars canadiens, avoir
une expérience d’au moins trois ans en tant que gestionnaire d’une entreprise,
démontrer son intention de s’établir en affaires au Québec en proposant un
projet d’affaires dans lequel il s’investira, et maintenir au moins trois
emplois en-dehors du cercle familial. Enfin, pour les candidats travailleurs,
les conditions sont les mêmes que pour la catégorie précédente, hors le
maintien ou la création d’emplois.
Mais d’autre part les autorités
recommandent aux candidats de cette catégorie d’effectuer un voyage de
prospection, et de demander à bénéficier de l’aide de la Direction de l’aide à
l’immigration d’affaires, mais il faut tout de même déposer une demande
d’immigration à l’étranger. Mais aussi des services gratuits d’aide à
l’établissement des gens d’affaires dans la démarche d’établissement de
l’entreprise sont proposés, tout comme des séminaires sont organisés pour
développer de nouveaux contacts d’affaires, ou encore soutenir les jeunes
entrepreneurs.
Toutefois, il semble que le recours
à des Attorney-Law qui aident à effectuer les démarches et qui proposent leurs
services sur Internet ou encore dans des journaux spécialisés en matière
d’émigration vers le Canada, comme Canada
News en Grande-Bretagne, soit peu utile pour les immigrants français de la
catégorie économique, car tout au plus la demande pourra être plus précise ou
meilleure, les services d’immigration du Québec n’étant en aucun cas
particulièrement influencés.
Le parrainage permet de s’établir au
Québec grâce à l’aide d’un membre de sa famille déjà établi. L’expatriation
vers le Québec peut se faire en effet dans le but de rejoindre sa famille. Il
est certes possible d’immigrer au Québec sans vouloir bénéficier de l’aide de
sa famille, selon les procédures de l’une des catégories précédentes. Mais il
est possible aussi pour le candidat à l’immigration de pouvoir bénéficier de
l’aide d’un membre de sa famille: ainsi il est nécessaire d’être parrainé par
un parent établi au Québec comme résident permanent. Le parrainage est un
engagement ou un contrat entre le gouvernement du Québec et un résident du
Québec appelé garant en faveur d’une tierce personne dite parrainée. Le
résident québécois s’engage alors à subvenir aux besoins essentiels du parrainé
ainsi qu’aux personnes qui sont à sa charge et qui l’accompagnent, sans oublier
la facilitation de l’adaptation de ces personnes. Le garant doit rembourser au
gouvernement toutes les prestations versées au parrainé durant la durée de
l’engagement: le contrat d’engagement comporte donc de sérieuses obligations
pour le garant. Toutefois, il doit avoir un lien de parenté direct dans la
famille, et la durée de l’engagement est de trois ans entre conjoints ou
fiancés, de dix ans pour les autres membres de la famille ou jusqu’à l’âge de
la majorité.(enfants à charge, parents, grands-parents, mais aussi autres membres
dans des situations particulières).
Les démarches doivent d’abord être
faites auprès des autorités canadiennes, et le regroupement familial demande
une procédure longue (parfois plus de deux ans).
Pour ce qui est de l’emploi, il
semble qu’il faille renseigner les futurs immigrants sur le plan professionnel.
D’où l’intérêt d’un voyage de reconnaissance à effectuer pour pouvoir rencontrer
des personnes ayant la même profession, des employeurs,... Ainsi l’immigrant
prendra moins de temps pour trouver un emploi grâce à ces contacts, ou
connaîtra mieux le marché. Très peu de Français effectuent une telle démarche,
ce qui toutefois semble être nécessaire pour faire en sorte de mieux connaître
son nouveau pays.
Aussi, la recherche d’un emploi ne se fait généralement pas à partir de la France, et avant la sélection, de la part des immigrants français : 80 % des Français qui arrivent au Québec n’ont pas d’emploi réservé sur place, et recherchent donc un emploi sur place sans la connaissance suffisante du marché. La DGQ précise que ceci est certes très difficile, que la procédure n’est pas faite pour fonctionner ainsi, mais cela pourrait toutefois résoudre certaines difficultés. Certes, les entreprises s’approvisionnent avant tout sur le marché local., la prospection ne se faisant à l’étranger qu’en cas de pénurie énorme (pour des secteurs comme l’informatique ou l’aéronautique). De plus, même si un travail était trouvé, rien ne se fait sans le visa, et donc le candidat à l’immigration doit patienter et attendre son visa de résident avec les délais connus. Et de toute façon il est fort difficile d’obtenir un visa d’immigration temporaire afin de pouvoir se faire garantir un emploi à l’arrivée. Ainsi pourrait-on inciter nos compatriotes candidats à l’immigration à effectuer des recherches à partir d’Internet, réseau voué à se développer, en complément ou à la place d’un voyage de prospection.
De plus, il serait souhaitable pour
faciliter l’expatriation des Français de favoriser comme étape intermédiaire
l’immigration à titre temporaire, avant d’opter pour un établissement
définitif. Déjà existante, elle est établie pour étudier ou occuper un emploi
temporaire. Selon la procédure en vigueur, le candidat à l’immigration
temporaire se voit attribuer un Certificat d’acceptation du Québec auprès des
autorités provinciales, pour un coût de 100 $ can., ainsi que d’un permis de
séjour auprès de l’ambassade du Canada (pour autorisation d’études, ou
autorisation de travail) car il est délivré par le gouvernement du fédéral.
Pour ce qui est du séjour d’études,
2500 jeunes Français sont partis étudier au Québec en 1995, contre 500
Québécois venus en France., du fait de la vitalité de la coopération inter
universitaire. Ce chiffre est en augmentation car il était de 1200 il y a sept
ou huit ans, mais il serait intéressant de le développer ou de faciliter les
conditions en laissant la possibilité au candidat de pouvoir travailler sur
place, et non de prouver la disposition de fonds propres, ou tout du moins de
faciliter l’obtention des bourses d’études en fonction du revenu.
Pour ce qui est du travailleur
séjournant au Québec à titre temporaire, il doit effectuer sa demande d’abord
au service des visas de l’ambassade du Canada, des indications étant faites à
propos des éventuelles démarches auprès du gouvernement du Québec. Le permis de
travail obtenu est valable pour un an et est renouvelable normalement deux
fois. Les conditions sont d’obtenir une offre emploi avant le départ, offre
d’emploi qui est validée par le centre d’emploi du Canada, devenu CDRHC (centre
de développement des ressources humaines du Canada) selon certains critères, et
déposer une demande de permis à l’ambassade du Canada à Paris. Pour ce qui est
des stages, il y a 2500 stagiaires entre la France et le Canada: l’on trouve le
stage et ensuite l’on s’adresse à un organisme accrédité (OFQJ, Association
France-Québec, OMI, Sésame pour l’agriculture). Parfois l’on obtient après les
renouvellements un visa permanent, mais ceci n’est pas du tout systématique car
il y a une forte demande. Peut-être conviendrait-il de la satisfaire.
A noter qu’un projet pilote a été
mis en place fin 1998 pour les travailleurs hautement qualifiés ainsi que leur
conjoint, exempté de la procédure habituelle s’il détient une offre d’emploi..
(cadres, chercheurs, spécialistes de secteurs de pointe, ...), et a donc son
certificat d’acceptation du Québec et son autorisation d’emploi du gouvernement
fédéral, dans les meilleurs délais : le Québec cherche donc à faciliter le
recrutement international de main d’œuvre spécialisée de haut niveau en créant
des conditions encore plus propices à leur venue. D’une durée d’un an, ce projet
expérimental fera l’objet d’un suivi afin de mesurer ses effets sur la venue
des travailleurs temporaires hautement qualifiés et sur le marché de l’emploi.
Le projet pilote est aussi appliqué à l’échelle canadienne par le gouvernement
fédéral.
L’immigrant ayant maintenant son
visa de résident permanent, il s’agit pour lui d’effectuer la démarche,
c’est-à-dire de partir s’établir au Québec pour une durée indéterminée, avec
l’appui et l’aide des autorités qui l’ont sélectionné avant tout dans leur propre
intérêt, et donc tenter de s’intégrer dans cette nouvelle société
nord-américaine espérée, sans parfois prendre conscience des difficultés qui
émergeront sur place.
L’établissement au Québec par le biais du statut de
résident permanent est facilité tant par la prise en charge des autorités
gouvernementales et locales que par des organismes qui proposent des services
spécifiquement destinés aux Français. Toutefois, il s’avère que nos
compatriotes qui sont si attendus par les autorités sont en fait inclus dans le
flot des immigrants. Mais ce n’est que par lui-même que le nouvel expatrié se
rendra compte effectivement de certains avantages que peut lui procurer la nouvelle
société qu’il découvre alors.
Le candidat à l’immigration
ayant reçu son visa de résident permanent pour lui et pour sa famille doit
entreprendre le départ pour la région du Québec où il a décidé de s’établir,
avec la persuasion que ce départ sera définitif. Ainsi, il doit quitter sa
famille, ses amis, sa résidence, son emploi si c’est le cas, et donc un peu en
quelque sorte son passé pour affronter une vie future faite d’aventure et
d’incertitudes. C’est donc dès le départ que les épreuves d’établissement
commencent véritablement. Il est pris en charge dès son arrivée par divers
organismes, avant tout pour ce qui est des priorités, à savoir les formalités à
accomplir, la recherche d’un logement provisoire et la recherche d’emploi.
Ainsi la transition peut être faite, afin de faire du nouvel arrivant un
véritable résident permanent. L’intérêt est de percevoir ceci en fonction des
différents niveaux. Car si l’immigration en général est bien accueillie,
l’immigration francophone bénéficie d’un accompagnement favorisé.
La politique d’accueil tient compte
du fait qu’il y a un champ de compétence partagé entre les différents paliers
de gouvernement. Nous avons vu que le Québec est responsable de l’accueil et de
l’aide à l’intégration des nouveaux arrivants sur son territoire : en
effet le gouvernement est bien évidemment responsable des immigrants qu’il a
lui-même sélectionnés. Au niveau régional, l’accueil et l’intégration des
nouveaux arrivants sont assumés par la Direction régionale d’Immigration. Au
niveau local, des municipalités cherchent à favoriser l’insertion à la société
québécoise : elles ont un rôle un peu différent, intervenant beaucoup plus
tard. Mais bien sûr l’aide est essentiellement apportée dans la recherche d’un
emploi.
Les premiers contacts des immigrants
se font dès leur arrivée avec les autorités québécoises chargées de
l’immigration.
Ainsi, c’est dès leur arrivée à
l’aéroport (Mirabel ou Dorval), que l’accueil se fait : les nouveaux arrivants
sont d’abord reçus par les agents d’immigration du ministère des Relations avec
les citoyens et de l’Immigration avant même le passage à la douane où est
déclarée l’arrivée éventuelle d’un conteneur par bateau avec les effets
personnels. Après vérification des papiers, des visas ou encore des fonds propres,
des renseignements et des documents leur sont remis pour leur faciliter l’accès
à l’hébergement et aux services de transport. Dans un second temps, les
immigrants sont dirigés vers la Direction régionale d’Immigration correspondant
à leur destination finale pour leur enregistrement, avec la remise d’un guide
d’immigration : cette Direction régionale permet aux nouveaux arrivants de
bénéficier de services d’information et d’aide à l’établissement. Au besoin,
ils sont orientés vers d’autres services du ministère, vers d’autres ministères
ou vers des organismes communautaires susceptibles de les aider.
A ce moment là, le nouvel arrivant
qui peut être ne s’est jamais rendu au Québec auparavant dispose du statut de
résident permanent, avec tous les droits et toutes les obligations que
connaissent les citoyens (sauf bien sûr le droit de vote).
Outre l’accueil, une aide à
l’établissement et à l’installation est offerte lors d’entrevues individuelles
avec les conseillers en immigration. Selon les besoins des immigrants est
fournie une liste de tâches à effectuer, expliquant les différentes formalités
à remplir, et permettant surtout de rassurer les nouveaux immigrants qui
resteront en contact avec le Ministère des Relations avec les citoyens et de
l’Immigration à Montréal et en région, tout comme avec les directions
régionales. Des services sont également proposés pour s’intégrer à la vie
québécoise (accueil, information, références à des organismes, équivalences de
diplômes,...).
Plus particulièrement pour ce qui
est de l’insertion au marché du travail, le Ministère des Relations avec les
citoyens et de l’Immigration propose divers services aux nouveaux arrivants.
Tout d’abord des services d’information sur le marché du travail, les
programmes de formation professionnelle, les règles régissant les activités
professionnelles ou les emplois disponibles, mais également des services de
conseil à l’emploi permettant d’évaluer les formations et expériences acquises
au départ de France, ou permettant d’élaborer un plan d’action pour supporter
l’immigrant dans ses démarches, des services de référence liée à l’emploi en
valorisant les compétences des immigrants et en favorisant les liens avec les
employeurs, et enfin, des services de référence auprès des partenaires
gouvernementaux et non gouvernementaux pour permettre de valoriser ses compétences
(en obtenant de la formation professionnelle, de l’assistance dans la rédaction
du CV, ou encore en se joignant à un club de recherche d’emploi).
Toutes ces aides aux immigrants
français sont aussi attribuées à l’ensemble des autres immigrants. Toutefois,
il s’avère que les Français disposent d’aides spécifiques qui leur sont
particulièrement adaptées, notamment et sur tout sur ce point.
Elle se fait par les autorités
ministérielles ou par l’intermédiaire d’organismes spécialement dédiés aux
Français.
En plus des informations générales
attribuées à tous les immigrants, des informations spécifiques sont adressées aux
seuls immigrants francophones, et au premier rang d’entre eux les Français. En
effet, le ministère offre des sessions d’information particulières pour
faciliter leur intégration socio-économique au Québec, durant vingt heures
réparties sur cinq jours. Les principaux sujets qu’on y traite sont : le
premier établissement, les questions sociales et culturelles, le marché du
travail, et enfin la recherche d’un emploi. Toutes ces informations semblent
donc bien se compléter avec celles, certes à but promotionnel, effectués par la
Délégation générale du Québec lors de ses sessions d’information en France. Le
stage n’est pas obligatoire mais est fortement conseillé. Ainsi le Ministère
souhaite aider les immigrants qu’il a lui même incités à s’établir sur son territoire.
Cette responsabilité du ministère semble donc être importante afin de permettre
toute les garanties possibles contre les risques d’échec.
Mais également, une aide destinée
spécialement à l’établissement des gens d’affaires est proposée par le ministère
afin de faire connaître les pratiques commerciales, industrielles et
financières de la province, de même que les divers spécialistes ou organismes
du monde des affaires.
Mais outre l’aide accordée par le
ministère, une aide spécifique est proposée pour les immigrants de nationalité
française en vertu de l’entente entre la France et le Québec.
Ainsi, la délégation de L’Office des
migrations internationales (OMI) existe depuis 1990. L’OMI et le MRCI ont pour
mandat de collaborer afin de favoriser l’emploi permanent ou temporaire des
Français, et eux seuls, au Québec. De source de l’OMI, chaque année 1 000
nouveaux arrivants français munis d’un visa font appel à la délégation de
Montréal, soit entre un tiers et un quart. Ceci semble insuffisant au vu du
fait que les Français qui se sont expatriés au Québec ont signalé avec leur
questionnaire de présélection leurs coordonnées. En vertu du partenariat avec
les autorités québécoises, il est regrettable que les candidats ne soient pas
plus nombreux à chercher à bénéficier des services de l’OMI, ce qui ne pourrait
que permettre au résident permanent de pouvoir s’intégrer pleinement dans la
nouvelle société, avant tout parla facilitation de la recherche d’un emploi, ce
qui conditionne la réussite de l’expatriation.
Les services de l’OMI à Montréal
sont constitués de six représentants de la France, qui est le seul pays aidant
à trouver du travail sur place : ils sont donc comme une ANPE délocalisée. Le
bureau du Québec de l’OMI renseigne les nouveaux arrivants français munis de
leur visa de résident permanent sur le marché du travail au Québec, sur la
recherche d’emploi, et d’une façon générale sur la vie au Québec. Il planifie
et tient des séances d’information sur ces sujets, et met à disposition une
documentation sur le marché du travail (des annuaires, une liste d’entreprises,
la presse, des monographies spécialisées, l’accès aux moyens de
télécommunications,...). Mais outre faire de l’assistance dans la démarche des
immigrants français pour trouver un nouveau travail, c’est-à-dire avoir des
fonctions de placement, notamment au moyen d’entretiens personnalisés avec des
spécialistes du marché du travail, l’OMI aide l’immigrant français à refaire
son CV et à l’adapter aux normes québécoises, à analyser les possibilités
professionnelles, à orienter la démarche, à contacter des entreprises, les
administrations, les organismes professionnels,[29]...
En novembre 1997, le directeur de la
délégation française affichait des résultats extrêmement appréciables,
soulignant que “ 60 % des nouveaux
arrivants français trouvent un emploi dans les quatre mois ”. L’immigration sélectionnée afin de
favoriser au mieux les chances d’intégration montre donc l’efficacité du
processus.
Cette réussite montre bien que l’OMI
ait l’avantage de proposer des services gratuits, plus individuels. En effet,
elle est liée au processus d’immigration, ce qui implique qu’elle se veut être
garante avec le MRCI de la réussite de ce processus destiné spécifiquement à
l’expatriation des Français.
Mais il existe aussi une aide
spécialement adressée aux Français qui s’installent au Québec, et ce à la façon
des organismes communautaires, ce qui permet d’offrir des services plus
spécifiques.
Tout d’abord, l’Union française à
Montréal est une association créée en 1886, dans le but d’aider les Français
dans leur insertion sociale. Toutefois, on peut penser que son rôle s’est
amenuisé car cette association d’aide sociale est trop perçue par les
immigrants comme une association communautaire. Ainsi elle a perdu de son
influence, elle fait état d’une baisse des dons particuliers. Toutefois, elle
accueille bon nombre d’immigrants (plus de 1400 Français par an , mais aussi
près de 600 francophones d’autres régions). Les domaines d’intervention sont
essentiellement l’emploi et le revenu, le logement, la consommation,
l’immigration, ou les problèmes psychosociaux. L’Union française cherche à
répondre à des demandes d’immigrants en situation précaire ou en difficulté.
D’autre part, l’Agence montréalaise
pour l’emploi (AMPE) est une association créée en 1986, et est actuellement
logée dans les locaux de l’Union française. Elle dispose d’un club de recherche
d’emploi dynamique, chaque mois étant organisé un stage de préparation à la
recherche d’emplois. Elle cherche donc à donner un profil québécois aux
nouveaux arrivants (en aidant à la rédaction du CV), en tenant le rôle d’agence
de placement ou bien sûr grâce à son stage. Elle est plus centrée sur le côté
social, l’accueil et l’accompagnement collectif.
Mais également, un CSN travaillant
au Consulat général à Montréal et à l’AMPE reçoit les nouveaux arrivants qui
viennent se faire immatriculer, et recherchent encore un emploi.
De plus, l’association “ Avenir
Québec ” est très active, soutenue par le Consulat de France à Montréal,
de l’OMI, de l’AMPE, de l’Union française notamment pour ce qui est du concept
logement emploi contacts qu’elle a développé, se proposant de louer des
logements équipés. En effet, une grande majorité des nouveaux arrivants ne
connaissent personne sur place, et souvent “ débarquent ” dans la
ville avec le souci de trouver un premier hébergement comme lieu de résidence,
très souvent une chambre d’hôtel, en attendant une amélioration de la situation
: en effet, peu d’immigrants ont déjà un logement réservé à l’avance. La
demande d’emploi est donc retardée car l’immigrant ne dispose pas d’un domicile
fixe même temporaire. Cette situation de précarité à l’arrivée doit être
absorbée par les conditions de ressources suffisantes telles qu’elles ont été
demandées dans le processus d’immigration par les autorités. C’est pourquoi
l’aide de cette association peut s’avérer être très précieuse.
Enfin, le service emploi-formation-réinsertion du Consulat général de France s’adresse aux immigrants français désireux de rentrer en France : ainsi cherche-t-il à préparer la réinsertion en informant des démarches à effectuer pour le retour, de faciliter l’accès à l’emploi en France, et à aider le candidat au retour à entrer en formation professionnelle. Le Consulat est bien l’administration des Français de l’étranger, proposant l’immatriculation consulaire, des renseignements sur la fiscalité, et aussi un service social. Mais si beaucoup immigrants français n’éprouvent pas le besoin de s’offrir ses services sans doute dans l’intérêt de rompre les liens avec la France, tous ceux qui sont candidats à un retour en France le contactent.
Il convient de noter qu’un dépliant
a été réalisé conjointement par l’AMPE, l’OMI, et le service
emploi-formation-réinsertion du Consulat général de France à Montréal à
destination des nouveaux résidents de nationalité française au Québec toujours
en recherche d’emploi, ce qui tout du moins au niveau symbolique permet de
pouvoir fédérer les actions des divers acteurs.
De façon un peu plus pratique, il
s’avère que l’immigrant ne doit pas compter sur la seule aide des différents
services qui lui sont proposés au début, et qui l’auront aidé à accomplir les
différentes démarches (le logement, l’échange du permis de conduire,
l’ouverture d’un compte bancaire, l’obtention du numéro de sécurité sociale et
de la carte d’assurance maladie, ...) et bien entendu à rechercher son premier
emploi : la sélection du début facilite donc ceci.
Mais pour autant les organismes susceptibles de l’aider ne font que transformer sa situation d’immigrant pour en faire un néo-québécois. Une fois les situations d’urgence franchies grâce aux aides, l’immigrant doit donc apprendre à connaître et à apprécier par lui-même les avantages que peut lui procurer la nouvelle société, et que nous tenterons d’identifier. Le statut de résident permanent lui fait bénéficier des droits sociaux et des avantages légaux que connaissent les citoyens. Ainsi l’immigrant peut se rendre compte des avantages de son expatriation vers le Québec au niveau individuel par rapport à la situation de départ, du fait de la jouissance pleine et entière du statut de résident permanent, valable non seulement au Québec, mais aussi au Canada voire aux Etats-Unis. L’immigrant apprend donc à connaître la nouvelle société dans laquelle il a décidé de vivre,par ses découvertes et par les conseils des autorités, et semble prendre goût à sa nouvelle vie au Québec. Toutefois, il ne sera pas encore intégré du fait qu’il conservera de nombreux attributs de sa culture et de son identité française. Voici donc quelques domaines où peuvent se vérifier les données présentées par les autorités.
Pour ce qui est de l’assurance maladie,
les services de santé sont gratuits sur présentation de la carte d’assurance
maladie, obtenue au bout d’un certain délai après l’arrivée au Québec,
permettant l’affiliation à la régie de l’assurance maladie du Québec
(R.A.M.Q.). Chaque résident ou citoyen québécois est couvert. Les frais
encourus pendant cette période seront remboursés une fois qu’elle sera
terminée. C’est ce qui fait que les immigrants doivent faire l’avance.
Les frais d’hôpitaux et de
consultation sont gratuits, les médicaments étant en partie payants, les soins
dentaires étant payants pour les adultes.
Il existe des départements de santé
communautaire, des centres locaux de services communautaires, des centres de
services sociaux. Des services sont proposés afin de permettre une aide
particulière en fonction des services proposés.
Des allocations familiales, une
assurance chômage, une assurance automobile publique, un système d’aide
sociale, une aide juridique sont aussi incluses dans la protection sociale.
Pour ce qui est des retraites, le
Québec a signé des ententes de sécurité sociale notamment avec la France,
permettant aux Français de recevoir les prestations de retraite auxquelles ils
avaient droit en France.
D’autre part, il existe des
programmes privés d’assurances collectives afin de bénéficier de protections
supplémentaires : ainsi en est-il d’assurances médicaments, d’assurances
voyage, d’assurances soins dentaires, d’assurances vie, d’assurances salaire,
etc. dont l’existence et le contenu sont à contrôler auprès de l’employeur, car
l’on souscrit à ces assurances par le biais de l’assurance collective de
l’entreprise.
Il semble que la protection sociale
soit l’une des plus étendues, et est en tout cas très avantageuse dans un
système nord-américain, de par les garanties offertes par les autorités
québécoises. L’immigrant français qui en profite en tant que résident permanent
au même titre que les citoyens voit donc par là même une possibilité pour lui
de pouvoir par la suite s’intégrer dans la société, du fait de la participation
au système de sécurité sociale.
La loi garantit des conditions
minimales à tous les travailleurs, à savoir le salaire minimum, le bulletin de
paye, ou encore les modalités de versement de salaire. Il s’agit donc d’une
législation “ plancher ”, les syndicats devant compléter pour les
avantages ou les négociations collectives. La durée hebdomadaire de travail
légale est de 41 heures, mais ceci est symbolique car 80 % des emplois se font
dans le cadre d’une semaine de travail entre 35 et 39 heures.
Pour ce qui est des congés, deux
semaines de congés payés seulement sont accordées après un an d’ancienneté, et
trois semaines après cinq ou six ans.
Les conditions de travail et les
avantages sociaux sont en général par des conventions collectives : elles
concernent 42 % des syndiqués, contre 10 % en France, le contrat de travail
étant peu répandu. Le salaire horaire minimum est de 6,9 $ can. (5 % de la
population).
L’échelle des salaires au Québec
s’apparente à celle de
Pour ce qui est du revenu de travail
annuel net en $ can., voici quelques exemples de salaire:
|
Ingénieur |
Secrétaire |
Ouvrier |
Montréal |
43 200 |
27 500 |
30 400 |
Paris |
58 600 |
23 300 |
21 300 |
Source :
Direction générale du Québec à Paris.
Ainsi, à part pour les ingénieurs, la
rémunération est meilleure au Québec, et la différence des salaires y est plus
faible.
Par
ailleurs, il existe un système légal d’assurance-chômage semblable au système
français. En moyenne 30 % du salaire est conservé pour un maximum de 413 $ can.
par semaine. Le recours au tribunal du travail permet de faire valoir ses
droits suite à un licenciement abusif, notamment pour discrimination illégale.
Il existe
donc un certain nombre de garanties avantageuses lors de l’arrivée au Québec.
Les contribuables sont soumis à une
double imposition fédérale et provinciale. L’impôt sur le revenu est prélevé à
la source par l’employeur et comprend les coûts du régime d’assurance maladie
et même la cotisation syndicale. Une convention fiscale entre la France et le
Canada établit un partage d’imposition sur le revenu entre les deux pays, ce
qui permet ainsi de lutter contre la double imposition.. Il s’avère que pour
l’Amérique du Nord, le Québec n’est pas un havre fiscal, ayant l’un des plus
hauts taux d’imposition, mais les populations en détresse bénéficient d’une
très grande protection, l’assistance étant comparable à celle de
Pour ce qui est du coût de la vie,
les dépenses des familles pour les biens de consommation et les services sont
généralement moins élevées qu’en France, jusqu’à 30 % : le pouvoir d’achat est
donc plus élevé. Les produits importés de France sont toutefois plutôt chers
(vin ou articles de luxe, ...).
Ainsi, pour un indice de coût de la
vie de 100 pour Montréal on obtient un indice de 156 pour Paris[31].
Montréal a également un indice de coût de la vie inférieur à de nombreuses
villes du monde, ce qui la place parmi les grandes villes du monde où le coût
de la vie est le moins élevé.
Une autre étude a été faite à propos
des prix et des salaires dans 56 villes dans le monde, à l’aide d’un indice de
prix d’un panier de biens et services avec loyer : avec une base 100 à Zurich,
l’on obtient 69,4 à Montréal et 91,1 à Paris. Et pour ce qui est de l’indice de
pouvoir d’achat d’un ménage, toujours avec une base 100 à Zurich, l’on obtient
54,3 pour Paris et 80,4 pour Montréal. Et de façon plus détaillée, tant
l’alimentation que les services ou le transport sont moins chers qu’à Paris.
Pour ce qui est du logement, les
prix sont plus abordables qu’en France tant pour le loyer que pour l’accès à
Le téléphone est aussi beaucoup plus
abordable qu’en France (21 $ can. par mois en moyenne, y compris les
communications locales et les taxes, mais pas l’interurbain). Il en est de même
pour l’automobile car les modèles européens sont de 15 à 35 % moins chers qu’en
France, l’assurance et le carburant sont moins chers, mais la durée de vie des
véhicules est assez courte.
Le coût de la vie est donc moins
cher qu’en France, ce qui permet un pouvoir d’achat plus fort.
Aidé dans ses démarches mais aussi ayant à se débrouiller par lui-même, l’immigrant français qui dispose d’un emploi doit donc pleinement s’insérer dans la société québécoise dont il peut apprécier les avantages et les inconvénients. Mais toutefois convient-il de voir si le programme visant à accueillir des immigrants est efficace quant à l’installation effective et définitive de nos compatriotes, et ainsi apprécier la réussite de leur expatriation par la réussite de leur intégration. Car une nouvelle société doit savoir être comprise, de même pour les problèmes : le taux de chômage est le même qu‘en France, les difficultés sont du même ordre quant au risque de perdre son emploi ou de connaître une évolution de sa situation. Et ceci est peu mis en avant dans le processus d’émigration vers le Québec.
Les immigrants vont se rendre compte
qu’avant tout le Québec n’est pas la France, et qu’ainsi en dépit de la
sélection et de l’accompagnement ils devront être capables de s’intégrer
eux-mêmes par leur propre effort. C’est ainsi que de l’immigration, que nous
avons vue dans la deuxième partie, à l’intégration, le chemin est parfois
difficile, et est peu dégagé par les autorités québécoises.
La procédure a semblé sélectionner les bons immigrants, mais il n’est
pas du tout avéré que leur intégration puisse se faire de la manière la plus
satisfaisante. En effet, nos compatriotes ne sont alors ni encore québécois, ni
plus tout à fait Français. S’intégrer dans une nouvelle société est un
véritable défi, dont on peut se faire une image parfois fausse. Il s’agit de
comprendre à quoi peuvent être dues les difficultés engendrées par le statut et
la nature d’immigrant, souvent précarisé au début. Ainsi, il semble donc qu’il
faut une certaine motivation et une certaine préparation au-delà de la
recherche d’emploi pour changer de vie, de culture : cette démarche
volontariste conditionne ainsi la réussite.
Le programme d’immigration des
Français s’apprécie donc au-travers de l’intégration. Car si fort heureusement
dans la majorité des cas le processus d’expatriation des Français vers le
Québec semble être une réussite, il s’avère que malheureusement pour certains
ce qui devait être un rêve s’est transformé en cauchemar : il conviendra d’en
apprécier les causes. Car l’idée est de recommencer sa vie ailleurs, non
d’obtenir un visa pour l’aventure, il faut avant tout être indépendant,
ambitieux, avec peu d’attaches à l’origine pour constituer les meilleurs atouts
garants de la réussite de l’expatriation. Et ceci est doublé par le fait qu’il
y a peu d’aides proposées pour faciliter son intégration de la part des
pouvoirs publics, qui avancent d’abord l’intérêt de voir une massification de
l’arrivée des immigrants sur le territoire en fonction des nécessités
identifiées, à savoir économiques, linguistiques et démographiques.
Ainsi de l’enthousiasme des débuts se confirme le succès de l’intégration ou l’échec par le retour.
Pour l’évaluation de la réussite,
les autorités québécoises cherchent à savoir comment le programme se passe, et
si l’adaptation des Français se fait régulièrement.
Ainsi, une enquête a été faite en
1999 sur la période 1989-1998, par croisement des fichiers de revenu et
d’assurance maladie, afin de savoir si les Français partis au Québec y sont
toujours : ainsi, 84% des Français sont encore au Québec cinq ans après leur
arrivée. Ceci entraîne une satisfaction du gouvernement québécois, d’autant
plus que les Français sont les étrangers les plus présents au Québec. Le
programme semble donc être concluant, la sélection ayant été plutôt efficace
car ayant limité les risques d’échec : l’intégration a donc été bien opérée.
Toutefois, une autre enquête montre
que 72 % des Français se disent satisfaits ou très satisfaits de leur situation
professionnelle. Pour ce qui est de la différence entre les deux pourcentages,
l’on peut imaginer qu’il s’agit de personnes qui sont en situation de
difficulté, mais qui tout de même cherchent à rester au Québec. Rappelons que
les services de l’OMI revendiquaient en 1997 que “ 60 % des nouveaux arrivants français trouvent un emploi dans les
quatre mois ”.
Ainsi, le programme semble
fonctionner, en dépit des difficultés. Des groupes témoins ont été interrogés,
avouant la difficulté de changer de pays, de façon de vivre. Il est estimé
qu’il faut en moyenne un délai de deux ans pour se sentir bien à nouveau sur le
plan social et professionnel. Le suivi des autorités est toutefois jugé
efficace par les immigrants français.
Ainsi, la réussite du programme est
conditionnée à la détermination des personnes présentes sur place pour
affronter les difficultés, dues notamment au fait de ne pas ou ne plus avoir
d’emploi, et à leur adaptation permettant de pouvoir comprendre ce pays
étranger. Le travail, l’argent, la réussite n’attendent que ceux qui prennent
des initiatives.
Si au début les Français se
rencontrent entre eux sans constituer une véritable communauté, après
l’ouverture aux autres personnes se fait, des contacts se créent tant avec les
autres immigrants qu’avec les Québécois, et ceci plus facilement que pour les
autres immigrants. Les Français créent donc de nombreux liens avec les gens
rencontrés sur place, en retrouvant en amis ce qui a été perdu en famille. Les
Québécois semblent être prêts à aider, si l’on a toutefois fait ses preuves de
bonne volonté pour s’intégrer, selon ce que rapportent des immigrants.
Toutefois l’insertion des immigrants dans la société est avant tout proposée
par les municipalités, niveau où la citoyenneté se pratique de façon
quotidienne, en complément de l’accueil au départ par les autorités
provinciales et régionales. Une aide
plus proche de l’immigrant est ainsi mise en place. Par exemple, pour ce qui
est de la ville de Québec[33],
il existe une politique municipale d’accueil et d’intégration des immigrants,
dans le souci de montrer un certain intérêt pour les relations
interculturelles, et fédérer l’ensemble des communautés à la vie sociale,
économique et culturelle, de démontrer une certaine ouverture face au
pluralisme culturel, de prévenir les problèmes dus à toute concentration
ethnique (discrimination, intolérance,...), de reconnaître une certaine
dynamique à l’inter culturalité pour consolider les structures d’accueil et
d’intégration des immigrants afin d’anticiper les résultats de la politique de
régionalisation du gouvernement du Québec. Les objectifs qu’elle s’est assignés
sont de fournir aux citoyens des quartiers un niveau élevé de qualité de vie
urbaine, et de fournir des services municipaux avec équité. Ainsi les autorités
municipales ont accrédité en 1991 la “ table municipale de concertation
des communautés culturelles ”, visant à encourager la participation des
immigrants aux affaires de la municipalité en créant un sentiment
d’appartenance, de favoriser l’intégration à la société québécoise, de
favoriser les liens avec la population locale.
Pour ce faire, trois modes
principaux d’information sont proposés. Tout d’abord l’intervention
communautaire, pour satisfaire aux objectifs en matière de qualité de vie
urbaine. Puis l’accueil et l’intégration, en se basant sur le fait que la
présence dans le milieu d’accueil de personnes appartenant à la même communauté
que la personne immigrante est déterminante dans le choix d’un milieu
d’accueil, de même que l’anticipation d’y retrouver des conditions qui
correspondent à ses valeurs et à sa culture ; pour ce qui est de l’intégration,
il s’agit d’une dynamique qui requiert à la fois l’implication de personnes qui
appartiennent aux groupes minoritaires ainsi qu’aux membres de la société
québécoise afin de favoriser la participation des nouveaux arrivants à la vie
culturelle, économique et sociale.
Mais aussi trois domaines
d’intervention ont été privilégiés. Tout d’abord la culture, les loisirs et la
vie communautaire : les nouveaux arrivants ont les mêmes contraintes de
pratique professionnelle que les Québécois mais avec l’intégration dans une
société nouvelle en plus dont il faut connaître les modes de fonctionnement.
Puis l’emploi : l’intégration économique est bien sûr le principal défi que
doit relever la population immigrante pour pouvoir pleinement s’assimiler à la
société québécoise, et c’est ainsi que pour faciliter l’accès à l’emploi et à
l’intégration économique des nouveaux citoyens l’action municipale doit
promouvoir l’utilisation de leurs compétences. Enfin la vie démocratique et de
quartier : ceci afin de renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté
locale, tout en améliorant l’information sur la nature et le fonctionnement des
institutions.
Ainsi, les objectifs de la politique
au niveau municipal sont de favoriser une intégration et une adaptation
harmonieuses, de favoriser la participation des nouveaux arrivants à la vie
démocratique et à la vie de quartier, et de favoriser l’accès des services
municipaux à tous les citoyens. Le suivi se fera dans le cadre d’un plan
d’action annuel concernant la sensibilisation et la participation afin de
mesurer les effets de la politique et de baliser les actions qui en découlent.
Ainsi l’intégration se fait avant tout par la volonté de vouloir faire
du Québec sa nouvelle nation, même si l’identité française n’est pas délaissée.
Le rêve québécois est donc réalisé, l’Amérique sans stress a séduit.
Puis au terme de ce processus
l’immigrant et sa famille acquièrent la citoyenneté canadienne. Ceci constitue
la situation idéale en matière d’intégration, montrant une capacité
d’adaptation plus grande chez les Français qui semblent plutôt se fondre dans
la population du fait de la proximité linguistique. Accepter les mêmes
difficultés que les Québécois, s’approprier leur vie culturelle ou sportive, ou
encore leur gastronomie, partager les mêmes passions et aimer le nouveau pays
constitue donc la situation idéale. Ainsi de très nombreux immigrants se sont
parfaitement accommodés à la culture québécoise, jugeant les rapports entre les
personnes plus amicaux qu’ailleurs en Amérique du Nord. Ils se sentent donc
beaucoup mieux au Québec qu’en Ontario par exemple.
Parmi la majorité des cas
constituant une intégration réussie, l’on peut citer le cas d’un immigrant
français qui a éprouvé le besoin de partir rapidement en France du fait des
difficultés pour recréer un tissu amical à cause de l’éloignement familial.
Avant ce départ, il éprouvait le besoin de s’intéresser aux actualités
politiques et sportives françaises au-travers des journaux français, ou encore
de chercher systématiquement à consommer des produits français, mais après ce
retour momentané en France il a plus naturellement décidé de vivre en québécois
et a cherché à s’intéresser aux journaux québécois au niveau de l’actualité
politique et sportive. Ainsi le hockey sur glace a supplanté le rugby comme
référence sportive.[34].
Les émigrants français sont donc
pleinement de nouveaux Québécois. Ainsi, ils sont définitivement installés au
Québec, jouissent du privilège de la citoyenneté, ont les mêmes droits et
devoirs. Ainsi ils sont définitivement établis au Québec, en ayant accepté
complètement le mode de vie.
Les Français qui se sont expatriés
pour le Québec voient qu’ils ne sont pas les premiers. Les villes sont
effectivement très cosmopolites, en premier lieu Montréal, ce qui peut créer un
certain contraste avec l’Europe qui a toujours un problème avec son immigration
non sélectionnée. C’est ce qui donne a penser au nouvel immigrant que le Canada
n’a pas vraiment d’identité propre, même si le Québec affirme
Pour ce qui est de l’intégration des
Français à Montréal, un sondage a été réalisé par les autorités : il a est
demandé aux Québécois s’ils sont d’accord avec le niveau d’immigration en
général : 30 % y sont favorables seulement, ce qui contraste avec l’attitude
officielle d’accueil massif d’une immigration diversifiée par le gouvernement.
Toutefois, les Français et les autres francophones sont mieux accueillis : 62 %
des Québécois sont en effet favorables à leur immigration. Ceci se comprend
aisément lorsque l’on connaît le besoin de francisation de la société, et est
très important, car la réussite de l’immigration et l’acceptation par la
population d’origine sont très liés. Le fait que le Québec soit une société
francophone favorise donc le processus d’intégration, d’autant plus que la
société d’accueil semble accepter les nouveaux arrivants.
Malgré tout, certains caractères
déstabilisants révélant un manque de préparation pour l’expatriation peuvent se
traduire par des échecs qu’il s’agit d’interpréter. Car c’est de l’échec que
peut se comprendre le mieux le contraste entre l’immigration et l’intégration
de ces émigrants francophones.
L’échec de l’expatriation se traduit par le retour en France, suite à un manque d’adaptation, ou par déception, face à une société nouvelle et un mode de vie déconcertant. En effet, beaucoup de Français même renseignés souffrent de leur impréparation, et même certains en situation d’échec s’orientent vers un retour en France. Ceci peut être expliqué par le fait que les Français qui arrivent au Québec ont mal préparé leur arrivée dans leur nouveau pays de résidence qu’ils croyaient mieux connaître. Car en fait, il peut s’agir d’une image déformée de “ nouvelle France ” que l’on croit retrouver sur le continent nord-américain, c’est à dire une “ Amérique en Français ”. Car si la langue est bien le français, il n’en est pas moins évident que la mentalité est bien américaine. L’expérience peut donc tourner court suite à ces difficultés. Ainsi l’adaptation peut être longue pour les nouvelles conditions de travail mais aussi pour l’intégration dans la population.
Il convient donc d’identifier les échecs du processus d’immigration avant de tenter d’effectuer un bilan du processus.
Les 16 % d’échec recensés par les autorités
québécoises[35] et
correspondant à autant de taux de retour pour la France sont dus à trois causes
essentielles : une raison familiale et économique, une insatisfaction quant à
sa vie professionnelle au Québec, et également le climat. Les échecs sont
minoritaires mais toutefois révélateurs des problèmes de l’intégration des
nouveaux arrivants français.
D’autre part, le Consulat général
apparaît comme un passage obligé pour les Français retournant en France. Grâce
à une fiche statistique[36],
il peut déterminer les raisons des retours. Il s’avère ainsi que presque la
moitié des personnes sont des double nationaux, un tiers sont des résidents
permanents, et le reste des personnes ayant émigré à titre temporaire, mais
dont le retour est logique car elles n’ont pas eu vocation à s’expatrier. La
majorité des personnes ont passé entre un et cinq ans au Québec.[37].
La tranche d’âge majoritaire est
celle correspondant aux 20-34 ans. La moitié des personnes étant salariée, le
choix du retour n’est donc pas a priori professionnel. Pour ce qui est des
raisons exprimées, le besoin de retrouver la famille revient aussi en force.
Pour les plus âgées, le désir de prendre sa retraite arrive en deuxième
position, alors que pour les plus jeunes se détache la volonté de retrouver une
opportunité professionnelle en France, la reprise économique en Europe aidant.
Le Québec était donc une destination permettant de pratiquer un certain
attentisme avant de pouvoir regagner la France, et en cela elle n’était pas
vraiment envisagée comme une solution unique et définitive. Le climat, la
déception quant à l’accueil au Québec, les problèmes linguistiques ou encore
les problèmes d’insertion culturelle et amicale sont autant d’autres raisons
montrant que le fait de partir au Québec n’était pas la bonne solution.
Il y a donc comme un retour vers le
départ, l’aventure canadienne ayant tourné court du fait de la relativisation
face à la campagne de promotion ou simplement elle a été considérée comme une
expérience vécue, enrichie de l’acquisition de
Il semble que bon nombre de nos
compatriotes soient partis au Québec avec de nombreux préjugés, croyant y
trouver leur avenir. Mais arrivés sur place, il semble qu’ils n’aient peut-être
pas pris conscience de l’ensemble des sacrifices qu’il s’agit d’effectuer., au
niveau de la nourriture, de la famille, des amis, tout ce que l’on n’a pu
amener avec soi.
Ainsi, dans une situation fort
probablement de déstabilisation professionnelle tant du requérant principal que
du conjoint le besoin s’est fait sentir de ne plus chercher à persévérer à
considérer son avenir définitivement au Québec.
Livrés à eux-même dans une telle
circonstance, la seule solution est de chercher à regagner la France, la
difficulté que constitue l’éloignement des proches n’ayant peut-être pas été
appréhendée correctement. Cette raison a été donnée par une majorité de
Français candidats au retour en France.
L’immigrant est peut être parti
comme le tiers qui l’a fait sans effectuer une décision réfléchie. Peut être
que l’auto promotion trop importante effectuée par la Délégation générale du
Québec constitue un handicap qui a fait que l’expatriation n’a été basée que
sur des illusions, sans une véritable prise de conscience des sacrifices qu’une
telle entreprise nécessite, surtout si un premier voyage n’a pas été effectué.
S’expatrier ne semble donc pas être un raccourci pour résoudre une situation ou
atteindre ses objectifs car l’on se retrouve face à soi-même. En effet, si le
candidat à l’expatriation s’attend à être reconnu dans ses mérites, il doit
accepter de se remettre en question, loin de sa famille. Seule l’expérience de
ce vécu permettant d’appréhender les difficultés véritables, il s’avère qu’il
faudrait peut être développer les moyens de permettre aux immigrants potentiels
d’appréhender les enjeux véritables et ainsi prévenir de tels échecs.
Ainsi, l’illusion du seul fait de
vouloir partir vivre “ l’Amérique en Français ” permet de mettre à
jour les dures réalités, car l’on découvre un nouveau monde qui n’a pas
forcément attendu les immigrants pour décider de ses choix, mais aussi l’on
redécouvre le monde d’où l’on vient. La distance fait donc voir autrement ce
qui paraissait naturel, et l’ouverture est donc bien une aventure humaine qui permet
de se rendre compte de sa propre culture et de la différence avec celle que
l’on découvre
C’est donc de la difficulté de
rompre les liens avec la France, que le doute fait que l’immigrant ne voit plus
le Québec comme le lieu où se trouve véritablement son avenir. Les relations
avec la France et avec les proches que l’on y a laissés ne permettent donc pas
l’intégration dans la société québécoise.
Les difficultés de l’intégration
professionnelle peuvent être avant tout dues au fait que les Québécois se
sentent méprisés par les Français. En effet, ces derniers pensent que prouver
ses compétences suffit pour trouver sa place. Mais en fait, il ne suffit pas de
se mettre en avant : encore faut-il faire face aux réticences à propos de
la reconnaissance des diplômes et à la méfiance de certaines corporations
fermant quasiment l’accès à de nombreux immigrants. Ceci crée donc un certain
nombre de désillusions, d’autant plus que les immigrants n’ont rien fait pour
justifier cela.
Une autre désillusion peut être
constituée par la question de l’équivalence des diplômes, qui peut entraîner
une certaine frustration car un certain nombre n’est pas reconnu à leur juste
valeur, du fait des différences entre les systèmes français et québécois pour
ce qui est des études universitaires ou des diplômes professionnels (CAP, DUT,
...). Ainsi, une maîtrise obtenue en France est jugée équivalente à une licence
québécoise, même si la garantie est bonne pour s’assurer de la confiance des
employeurs.
L’évaluation payante des études hors
Québec pour faciliter l’intégration économique des nouveaux arrivants est
proposée par le service d’équivalence d’études qui existe depuis 1971 et jouit
d’une grande crédibilité pour établir un avis d’équivalence d’études ou de
diplômes délivré par le ministère des Relations avec les citoyens et de
l’Immigration ne conférant pas le droit d’exiger des institutions québécoises
la délivrance d’un diplôme ou d’un titre québécois semblable.
Pour ce qui est de l’enseignement
par exemple, les difficultés de reconnaissance de la formation en France sont
grandes, le privilège étant donné aux études sur l’ancienneté. Un “ brevet
d’enseignement ”, n’est obtenu qu’après un certain nombre d’années
d’enseignement au Québec, pour obtenir véritablement le statut d’enseignant et
une rémunération conséquente. Car en effet il semble intéressant pour le Québec
d’employer des enseignants français expérimentés et payables comme des
débutants avant la reconnaissance officielle du statut. Il peut donc s’avérer
que l’immigrant juge injuste voire humiliant une telle remise en question
faisant que sa carrière professionnelle soit à reconstruire.
Toutefois, ce problème n’affecte pas
des professions indépendantes : un cordonnier par exemple pourra reprendre son
métier au Québec sans difficulté, l’enjeu étant de bien connaître le marché
pour que son affaire soit un succès.
Mais les difficultés sont fortes
dans les domaines de la comptabilité et du droit, où un recyclage est
nécessaire, mais aussi au niveau de la gestion des ressources humaines ou de la
communication, où les obstacles culturels sont nombreux. Ainsi l’immigrant doit
repartir de la base.
Des négociations sont en cours, par
branche disciplinaire, afin de faciliter et de simplifier le système afin de
faire bénéficier aux nouveaux arrivants de la reconnaissance mutuelle des
diplômes. Cela se fait au cas par cas, par école, entre la France et le Canada.
C’est ainsi qu’en premier lieu un accord a été signé pour reconnaître de façon
bilatérale les titres d’ingénieurs, toutefois en fonction des ordres
professionnels canadiens. Ainsi ce ne serait plus au candidat à l’immigration
de faire valoir ses compétences.
Les difficultés d’insertion de nos
compatriotes sont aussi caractérisées par le besoin des Québécois de les mettre
à l’épreuve, ce qui constitue en quelque sorte une réaction protectionniste,
peuvent être expliquées aussi par le poids des corporations, c’est-à-dire des
ordres professionnels, représentant de nombreux métiers (médecins, infirmières,
avocats, architectes, ingénieurs,...) qui semblent plutôt hermétiques à
l’arrivée d’immigrants même Français dans le marché du travail, ce qui limite
donc leur intégration professionnelle, et leur formation acquise à l’étranger.
Ainsi pour ce qui est des médecins, la plupart auront à reprendre une grande
partie de leurs études car les équivalences attribuées sont minimes, ce qui
entraîne frustrations et désillusions. Et d’autre part, le système canadien
prévoit qu’un examen doit être repassé par tous les médecins tous les cinq ans,
sous peine de ne plus pouvoir exercer.
Les corporations censées garantir la
déontologie du métier représenté cherchent donc à favoriser les personnes ayant
suivi les formations québécoises. Le nouvel arrivant français peut prouver ses
compétences et son expérience dans une profession soumise à ce régime
corporatiste, il peut faire le même métier à son arrivée au Québec et pourtant
il est nécessaire d’obtenir une accréditation délivrée par le corps
professionnel. Si parfois l’équivalence du diplôme attribuée par le ministère
suffit, en revanche dans la majorité des cas il est nécessaire de passer un
examen payant.
La mise en place de telles barrières
peut ainsi faire douter une partie des nouveaux arrivants qui se retrouvent
avec des conditions d’emploi dépendantes du bon vouloir des ordres, parfois
humiliantes car sous estimées, le niveau d’emploi étant inférieur par rapport à
la France : ainsi un ingénieur sera seulement ingénieur stagiaire à ses débuts
au Québec.
Pour ce qui est du climat, il semble
que bon nombre de nos compatriotes se sont mal adapté. En effet, les
températures ont une amplitude bien plus grande qu’en France : si les étés sont
comparables, les hivers sont plus rigoureux, avec des températures allant
jusqu’à 15 ou 20 degrés en dessous de zéro. Ainsi durant une longue période il
est impossible de pouvoir faire certaines activités à l’air libre. De plus une
activité de “ pelletage ” constante révèle à quel point l’hiver est
rigoureux. Si les paysages québécois semblent séduisants, le Québec “ c’est l’hiver ” avant tout,
comme l’a chanté Gilles Vigneault. Il n’est donc pas évident de pouvoir
supporter le climat si l’on ne s’y est pas préparé correctement.
La question scolaire est à l’origine
de nombreux retours de Français vers l’Europe: en effet 17% des personnes
rentrant en France donnent comme motif de leur retour le souhait de scolariser
les enfants dans le système Français. Ceci traduit l’échec de l’insertion dans
le moule québécois, les départs se faisant en conséquence essentiellement
l’été.
Seule une minorité de nouveaux
immigrants scolarise les enfants dans les établissements français. Ainsi
s’orienter vers le système canadien serait assimilable à un gage d’une bonne
insertion dans la société québécoise, donc d’une rupture que l’on veut
définitive avec la France tout en maintenant des liens avec la langue
française. Le cursus comprend l’école maternelle, puis primaire, secondaire, le
CEGEP (collège d’enseignement général et professionnel, comme la terminale
française et un niveau pré-universitaire) où l’on commence à déterminer son
orientation, et enfin l’université: pour ces trois derniers niveaux l’on peut
accéder au marché du travail. Le problème est que les études dans les établissements
français sont assez onéreuses, malgré les bourses d’études. Et d’autre part, il
s’avère que beaucoup d’étudiants rejoignent finalement le système local pour
avoir plus de chances d’accéder à l’université, qui fixe des contingents de
candidats pour chaque établissement.
La plupart des immigrants n’ont pas
conscience de la différence avec le système français : le coût des études fait
émerger des difficultés faisant que souvent les jeunes sont amenés à travailler
très tôt durant les heures de liberté, en dépit de l’appui financier des
parents ou des bourses. Le système est donc typiquement anglo-saxon, d’autant
plus que des difficultés et des déconvenues sont issues du fait qu’une majorité
ne finit pas le CEGEP en deux ans et que de nombreux étudiants ne terminent pas
leur secondaire.
Malgré tout, le grand avantage au niveau éducatif
est que les adultes ayant déjà une activité professionnelle peuvent étudier
pour se perfectionner : ceci permet un système de cours du soir, le diplôme
étant le même que pour les étudiants, mais avec une durée un peu plus longue.
Toutefois, les personnes suivant les cours du soir sont majoritaires. Ceci peut
être apprécié aussi comme une remise en cause pour les immigrants qui peut être
doivent avoir recours à ce moyen pour retrouver le niveau de qualification
reconnu en France…
Beaucoup de Français sont très
surpris du décalage qu’il peut exister entre l’image qu’ils peuvent se faire du
Québécois par rapport à la réalité, même si ce dernier est favorable à leur
venue. En effet, en dépit de la même langue, les Québécois n’ont pas la même
culture que les Français. Le choc culturel est donc grand lorsqu’il s’agit de
constater que la société québécoise est avant tout américanisée.
En effet les Français s’attendent à
être accueillis fraternellement par leurs “ cousins québécois ”
heureux de retrouver un peu comme des membres de leur famille. Mais en fait les
Français se rendent compte qu’ils sont avant tout dans une société
nord-américaine, diversifiée, et surtout qu’ils ne sont pas les premiers venus
: ils croient venir en pays conquis, quasiment dans une colonie, alors que la
population déjà installée prouvera très vite que le Québec n’est pas une
“ petite France ”, et qu’elle a déjà su se débrouiller face aux
Anglais. Ainsi s’ils sont des immigrants comme les premiers québécois, ils ne
doivent pas s’attendre à pouvoir imposer leur caractère français dans le mode
de vie ou leurs relations qui ne sont que francophones, mais bien faire leurs
preuves pour s’intégrer et se faire accepter, c’est-à-dire de vivre à
Nos compatriotes se font donc une
image fausse du Québécois, un peu compatissante voire méprisante. D’autant plus
que ce dernier utilise souvent l’expression de “ maudits Français ”.
D’autant plus qu’il y a une certaine méfiance vis-à-vis des immigrants en
général, et des Européens en particulier. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si
de nombreux Français s’identifient plus avec tous les autres immigrants
d’abord, avant de se faire accepter. Cela prouve d’autant plus que la politique
d’immigration n’est pas populaire, mais juste politique. Ainsi il faudrait un
effort concret de la communauté d’accueil pour pouvoir mieux accueillir,
sensibiliser à l’ouverture, faire prendre conscience.
En tout cas, l’immigrant s’est
normalement préparé aux difficultés, même s’il n’a toujours pas pris conscience
du fait que bien que le Québec soit francophone, il est avant tout un
territoire d’Amérique du Nord. Il n’a peut être pas pris conscience que lui
même est l’immigrant, et que donc l’accueil de la population québécoise peut
être indifférent et même parfois hostile, assimilant parfois l’immigrant à un
“ voleur de travail ”. C’est peut être pour cela qu’il existe un
certain protectionnisme au niveau de la reconnaissance de la formation
effectuée à l’étranger. Faire ses preuves ainsi que montrer un désir véritable
d’immigration sont dons des conditions essentielles pour se faire accepter.
Ceci est toutefois plus vrai à
Montréal, où presque tous les immigrants cherchent à aller du fait d’une plus
grande quantité d’emplois proposés, mais où tous les symboles de ces défauts
américains, qui tout du moins sont reconnus comme tels, sont présents. Peut
être qu’en région la reconnaissance serait-elle plus favorable.
Mais aussi, l’aspect linguistique
peut être un obstacle à une intégration réussie en plus de l’américanisation.
En effet, l’immigrant peut avoir tendance à choisir le Québec justement parce
la province préserve son identité francophone. L’immigrant croit donc arriver
en Amérique avec la suffisance de parler français. Mais son statut de résident
permanent lui confère les mêmes droits que les Canadiens, exceptés les droits
civiques tels que le vote, mais aussi les mêmes obligations. Or malgré la
défense du français, la connaissance de l’anglais est essentielle dans les
obligations professionnelles, et même parfois dans la vie quotidienne. Ainsi il
s’avère que de nombreux immigrants français n’ayant pas d’autre langue que leur
langue maternelle se trouvent en situation de difficulté du fait qu’ils aient
dû très vite considérer l’anglais comme une langue importante, tant dans les
relations professionnelles que dans la vie publique et en dépit des mesures
mises en place par le Québec pour conserver son identité d’îlot francophone en
Amérique du Nord. Ainsi la promotion de l’expatriation pour le Québec semble
sur ce point reposer sur un non dit préjudiciable, les critères de sélection
des immigrants reposant dans une mesure importante sur la connaissance de la
langue française. Le candidat à l’expatriation a trop cru qu’au Québec il
serait épargné de l’obligation de connaître l’anglais.
Les nombreux échecs constatés montrent bien les limites d’une telle politique de main d’œuvre, non d’accès à l’emploi. Elle est donc destinée avant tout à satisfaire les besoins du Québec. Toutefois, peut-être également qu’il y a une trop grande naïveté de la part des Français qui partent s’établir au Québec suite à la campagne de promotion. En tout cas, ceci se traduit par des situations de grande détresse notamment dues à la méconnaissance du marché du travail québécois, impliquant sans doute une modification de la politique à la faveur des immigrants.
Le Québec cherche à favoriser
l’immigration française au travers de sa grille d’évaluation, dans la
satisfaction de ses besoins, mais sur place il semble que bon nombre de nos
compatriotes se sentent un peu abandonnés par les autorités, parfois condamnés
à se débrouiller une fois leur emploi obtenu. Car en effet il s’avère que les
autorités québécoises ne peuvent pas favoriser spécifiquement l’intégration des
Français du fait de la Loi canadienne sur
les droits de la personne, qui interdit toute discrimination négative ou
positive. Mais aussi des personnes partent au Québec attirées par la publicité
opérée, dans une situation de fragilité en France pour ne pas trouver le
bonheur promis au Québec, mais en fait une grande détresse du fait d’une
déception due à une mauvaise connaissance tant des réalités du pays que des
conditions économiques. Ainsi ces candidats à l’expatriation l’ont été bien
malgré eux. D’où l’intérêt d’une assistante sociale au sein du Consulat pour
faire face aux situations de détresse ou même de grande détresse en plus des
désillusions ou des désespoirs dus à l’inadaptation.
C’est pourquoi il semble que la
France souhaite obtenir quelques modifications et intervenir dans le processus
afin d’améliorer la situation des expatriés, non pour porter préjudice à la
politique québécoise mais pour limiter les situations de grande détresse.
Par ailleurs le ministre français des Affaires étrangères a proposé en conseil des ministres en avril 2000 un renforcement d’accords avec des pays étrangers afin de protéger au mieux nos compatriotes expatriés. Peut-être que les discriminations éventuelles pourraient ainsi être atténuées.
Mais d’autre part se pose la
question de l’intérêt d’un contingentement moins contraignant. En effet, une
information erronée, trop séduisante, est mise en place par l’outil de
promotion que représente la délégation générale du Québec pour attirer les
candidats à l’immigration. Or ceci peut se traduire par le fait que de nombreux
Français partent au Québec suite à cette véritable propagande, parfois sans les
conditions requises, ce qui se traduit par des refoulements à la frontière[38],
Tout d’abord, il s’agit d’informer sur les conditions de vie et de travail réelles au Québec, (dans le sens de la monographie diffusée par la maison des Français à l’étranger). Car le vrai problème concernant l’immigration vers le Québec est bien entendu des lacunes quant à l’information, que la Délégation générale du Québec veut rendre la plus séduisante possible. Ainsi le risque pris est bien de rendre des éléments positifs fortement mis en valeur et les éléments négatifs gommés ou dissimulés.
Les immigrants recherchent avant
tout des éléments concrets pour leur expatriation, l’information étant apportée
par les réunions d’information proposées par la Délégation générale du Québec
permettant de renseigner les immigrants sur la fiscalité, les revenus, le coût
de la vie, les débouchés en fonction des différentes professions, le système
scolaire local, les équivalences des diplômes, la protection sociale, la
législation du travail,... Mais malgré tout il semble que les immigrants, s’ils
connaissent pour la plupart l’ensemble de ces éléments, soient peu informés des
possibilités qui s’offrent à eux pour retrouver des informations un peu plus
intéressantes pour eux, c’est-à-dire concernent la présence des organisations
et administrations françaises sur place. En effet, peu cherchent à se faire
immatriculer au consulat de France du fait du manque d’information ; aussi des
organismes comme l’Union française ou l’Alliance française semblent mal connus
ou bien connus une fois sur place, et peu pensent à s’adresser à la Maison des
Français de l’étrangers pour bénéficier des informations qu’ils recherchent.
Peut être que le manque
d’information concernant les interlocuteurs spécifiquement destinés aux
Français sur place, comme le CSN du Consulat de France à Montréal, ou l’Union
française montre le manque de coordination entre les différents organismes, ce
qui montre que nos compatriotes s’informent une fois sur place et de façon
incomplète, au hasard des connaissances des différents organismes. C’est ainsi
que malgré la richesse des offres les Français n’arrivent pas à appréhender la
totalité des outils mis à leur disposition au moment de leur départ. Il
s’agirait donc peut être de pouvoir fédérer ces différents organismes dans leur
intérêt, avec le suivi du Consulat. Ceci permettrait de recevoir un maximum de
Français et donc de limiter les situations d’échec, et donc de donner un regain
d’intérêt à ces organismes de solidarité proposant les services aux immigrants.
Mais malgré tout peut être que les Français qui arrivent au Québec et donc
quittent la France ne souhaitent pas bénéficier des services d’une société
qu’ils ont délibérément quittés. Ne se sentant plus redevables de la France,
sentant leur intégration en bonne situation, ils ignorent tout simplement ces
possibilités qui leurs sont offertes, auquel cas ces mesures prises en amont
seraient vaines.
Il s’agit donc d’insister sur les
différences de réglementation, de culture entre les deux Etats, par une
information plus diffusée. Mais le problème est que bon nombre d’immigrants ont
tendance à partir coûte que coûte, sans prendre vraiment le temps d’apprécier
les informations émises par les autorités françaises sous forme de brochures ou
de plaquettes, ou celles de
Toutefois, il s’agit d’éviter une
certaine concurrence entre les organismes issus de la promotion du Québec et
ceux typiquement destinés aux Français : une complémentarité pourrait être de
mise.
Mais aussi les critères
d’acceptation des immigrants devraient permettre de favoriser encore plus les
immigrants ayant une bonne connaissance du Québec, de ceux ayant un emploi
réservé, et peut être même de ceux qui ont un logement avant le départ. Le
développement de l’Internet pourrait participer à cette dynamique.
Emigrer au Québec ne signifie donc
pas réussir à y faire sa future vie, même si la majorité des Français arrive à
s’intégrer à la nouvelle société.
L’émigration des Français vers le
Québec est un mouvement soutenu par les autorités de la province francophone du
Canada mais avant tout ce départ volontaire de bon nombre de nos compatriotes
traduit ce désir de vouloir s’expatrier. Et ceci est d’autant plus organisé que
pour profiler son immigration le Québec a mis en place une grille de sélection
des travailleurs, et un programme de recrutement de gens d’affaires. Mais c’est
rapidement que ces Français candidats au départ et qui auront effectué toutes
les démarches vont en fait se rendre bien compte qu’ils ne constituent qu’une
partie de l’immigration, soutenue plus par les autorités que par la population.
Ainsi, s’expatrier est une aventure
très déstabilisante, même si elle permet de découvrir de nouveaux horizons et
pousser à relever de nouveaux défis. L’immigrant est en fait souvent moins bien
inséré que la population déjà établie alors qu’il a presque les mêmes droits :
ainsi il doit savoir accepter d’autres difficultés que celles connues jusque là
en France, mais ces difficultés sont le résultat du choix du départ vers une
nouvelle société. Car l’immigrant est différent, il est en décalage avec
certaines normes telles que les diplômes, les valeurs ou l’expérience. Ainsi il
ne suffit pas de vouloir immigrer pour s’intégrer, il faut avant tout faire ses
preuves pour pouvoir trouver sa place. On quitte une culture à laquelle on ne
se sentait pas fortement attaché, mais dont on est fortement imprégné. Et à
l’arrivée il faut découvrir une autre culture. L’on peut imaginer trop
fortement une assimilation entre la langue et la culture, et donc imaginer une
société moins différente qu’elle l’est en réalité. Le candidat à l’expatriation
doit donc avoir des attentes réalistes au moment de son départ, et doit donc
préparer cet aspect plus difficile de l’aventure. Car le nouveau pays n’est pas
un eldorado, le réalisme dans la préparation du départ doit être de mise afin
d’éviter bon nombre d’erreurs, d’échecs et de déceptions, pour ce qui reste
toutefois d’une très grande aventure.
Toutefois ceci va à l’encontre de l’intérêt du gouvernement québécois
qui cherche toujours plus d’immigrants, toujours plus d’immigrants français,
car c’est à ce prix que le Québec pourra préserver son identité francophone.
Coûte que coûte le gouvernement veut donc accueillir toujours plus de Français
comme main d’œuvre et comme soutien à la langue française tout comme à la démographie,
mais avec le risque de mal assurer la bonne intégration de ces derniers à
Car c’est aussi dans l’avenir du
Québec que l’intérêt en matière d’immigration française se joue. En effet, le
gouvernement veut mettre en place son projet souverainiste, des élections étant
prévues en 2003 : ceci pourrait radicalement changer la donne si jamais la
population votait massivement “ oui ” au référendum. A ce moment là,
toutes les perspectives sont ouvertes pour ce qui est de la sélection et de
l’immigration des émigrants français de demain …et de leur intégration.
ANNEXE I : les statistiques sur
l’immigration au Québec, édition 1999, Ministère
des Relations avec les citoyens et de l’Immigration du Québec.
ANNEXE II :
le problème de la langue maternelle des immigrants.
ANNEXE III : communiqué du ministre
des Relations avec les citoyens et de l’Immigration “ Le Québec atteint
ses objectifs et compte augmenter l’immigration francophone ” ( 2 novembre
1999)
ANNEXE IV : tableaux issus de la
présentation du Plan d’immigration du
Québec pour l’an 2000 et présentant les perspectives d’évolution de
l’immigration.
ANNEXE V : présentation des
documents “ Vivre au Québec ” et “ Investir au Québec ”,
visant à inciter à une arrivée d’immigration, édition électronique Internet, Gouvernement du Québec.
ANNEXE VI : exemple d’une association
active pour entretenir des liens privilégiés entre le Québec et la France,
Bordeaux - Gironde - Québec (Sud-Ouest, février 2000).
ANNEXE VII : typologie des
ressortissants étrangers se trouvant sur le territoire canadien, source : Direction des politiques et
programmes d’immigration, Gouvernement du Québec.
ANNEXE VIII : - tableau présentant la
procédure d’émigration vers le Canada (source
: Guide de l’Etudiant, Travailler à l’étranger).
- le questionnaire préliminaire d’immigration, document établissant le premier rapport entre le candidat Français à l’expatriation et les autorités québécoises.
ANNEXE IX : - la grille de
pré-sélection des travailleurs et la grille de sélection des travailleurs.
-
les professions en
demande, formations privilégiées et professions inadmissibles.
- les conditions requises
pour la sélection des immigrants de la catégorie des gens d’affaires (source : Ministère des Relations avec les citoyens
et de l’Immigration du Québec).
ANNEXE X : l’aide à l’établissement
du Gouvernement québécois pour l’insertion au marché du travail destinée à tous
les immigrants et l’information spécifiquement destinée aux francophones (source : Ministère des Relations avec les
citoyens et de l’immigration).
ANNEXE XI : fiche consulaire de
“ retour en France ”.
ANNEXE XII : question écrite d’un
parlementaire français le 18/03/1999 déposée au Ministère français des Affaires
étrangères à propos des problèmes rencontrés par l’émigration française vers le
Québec.
ANNEXE XIII : présentation du programme
“ Des racines et des ailes ”
diffusé à la télévision française le 9/11/1998 et intitulé “ Bienvenue au
Québec ” (Source : site Internet de France 3).
ANNEXE XIV : adresses utiles et sites
Internet utiles pour l’immigrant français au Québec.
· Claude JULIEN, Le Canada, la dernière chance de l’Europe,
Grasset.
· Le Québec statistique, Les publications du Québec.
· Jean-Pierre ROGEL, Le
défi de l’immigration, Institut
québécois de recherche sur la culture, 1994.
· Denise HELLY, L’immigration
pour quoi faire ?, Institut québécois
de recherche sur la culture, 1992.
· Delphine VIE, Etre
immigrant français au Québec en 1991, mémoire de séminaire et de voyage,
Université de Bordeaux.
· L’Actualité, janvier 1998.
· Reportages télévisés à
propos de l’expatriation des français pour le Québec diffusés par ARTE en
mai 1999 et par France 3 en novembre 1998.
Jérôme Du*ca*ssou
( courriel : jejeduc chez caramail.com )
[1] Ainsi, après un creux au milieu des années 80 (le nombre d’immigrants est passé de 121 330 en 1982 à 84 340 en 1985), l’immigration au Canada est remonté progressivement en 1986 à 99 339 et brusquement à 152 023 en 1987.
[2] Des statistiques plus détaillées sont présentées dans l’annexe I.
[3] Des développements sur ce thème et sur les questions liées aux problèmes économiques et démographiques sont développées dans l’ouvrage de Denise Helly, L’immigration pour quoi faire ? , I.Q.C.R., 1992.
[4] Les renseignements qui suivent sont ceux tels que présentés par les autorités québécoises chargées de l’immigration.
[5] Ceux-ci seront analysés avec plus de détail dans la deuxième partie.
[6] cf. les annexes.
[7] L’indice synthétique de fécondité permettant un renouvellement des générations est de 2,1 enfant par femme en âge de procréer.
[8] Le taux très fort des immigrants allophones fait toutefois remonter la moyenne.
[9] cf. les propos de Louise Beaudouin, ministre des relations internationales du Québec, publiés par Le Monde du 10 février 2000, et qui revendique dans le souveraineté un moyen de faciliter l’inclusion des immigrants de toutes origines en permettant une connaissance du français et non de renvoyer chaque immigrant à sa communauté d’origine comme le fait la politique canadienne de multiculturalisme, à l’encontre même des intérêts du Québec. Le secrétaire d’Etat à la francophonie du gouvernement du Canada, Ronald J. Duhamel, répond dans Le Monde du 7 mars 2000, indiquant que « l’idéal du peuple canadien consiste à fonder l’identité nationale non sur l’ethnie ou la langue, mais sur l’égalité des droits de chaque citoyen et sur le partage de valeurs et d’aspirations qui transcendent les clivages linguistiques.(...) L’affirmation de la langue française est, pour nous, d’abord fondée sur la promotion de la diversité culturelle. (...) Être Québécois francophone n’est pas être Français ».
[10] Source: Canada, recensement 1996.
[11] Ce critère linguistique a notamment été développé par Pierre Rogel dans son ouvrage Le défi de l’immigration, I.Q.R.C., 1994.
[12] Pierre Boucher est Président et directeur général de la commission de la capitale nationale du Québec. Toutes les citations qui se réfèrent à lui dans ce présent document sont issues d’un entretien que nous avons eu avec lui en octobre 1999. Nous l’en remercions vivement.
[13] Voir à ce titre l’annexe II.
[14] Le Plan d’immigration annuel du Québec permet de comprendre et d’analyser les besoins du Québec en matière d’accueil d’immigrants, le gouvernement prévoyant l’arrivée des immigrants pour l’année suivante en fonction de la catégorie, par des estimations, des plafonds ou des minima en matière d’admission ou de sélection des ressortissants étrangers comme pour le Canada. Mais au Québec sont accentués les facteurs linguistiques et démographiques correspondant aux besoins de la province en immigration de langue française. Se référer aux annexes III et IV.
[15] Source : De solides assises pour le XXI ème siècle, nouvelles orientations pour la politique et la législation relatives aux immigrants et aux réfugiés.
[16] Une présentation de ce document est faite en annexe.
[17] Cette association est présentée en annexe.
[18] Source : Ministère des affaires étrangères, 1995. Le chiffre correspondant au nombre de Français établis au Canada ne correspond pas à celui indiqué plus haut du fait de la diversité des sources d’information.
[19] L’IDH mesure l’espérance de vie, le niveau de scolarisation ou encore le niveau de revenu réel ajusté. La France est seconde au classement, devant la Norvège, les Etats-Unis et l’Islande, de source du rapport sur le développement humain de 1997 publié par les Nations-Unies.
[20] Source: OCDE, principaux indicateurs économiques,1998, Bureau de la statistique du Québec. Les chiffres sont donnés en parité de pouvoir d’achat.
[21] Le ministère parle d’immigration pour ce qui est d’un processus long et complexe par lequel une personne, volontairement ou non, s’est arrachée à son milieu d’origine pour s’établir dans un ailleurs où elle espère avoir une vie meilleure et se construire un avenir, conditionné par la place que cette personne peut trouver en tant qu’être libre et digne dans un espace civique qui lui permettra de s’établir pleinement, ce qui outre l’adhésion à la culture québécoise et à la langue française, demande de participer aussi à la démocratie.
[22] Le ministère parle d’intégration pour assurer que la familiarisation des nouveaux arrivants avec les façons de faire et les coutumes se fera dans la perspective d’une adhésion aux institutions et d’une participation à la vie démocratique et civique commune, à la construction du bien commun.
[23] Source : Ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration.
[24] Ce questionnaire préliminaire d’immigration est reproduit en annexe.
[25] Au niveau financier, le candidat doit prouver qu’il dispose d’une autonomie financière durant trois mois au Québec avant de trouver du travail., à savoir 2 084 $ pour un célibataire, 3 056 $ pour un couple et 3 695 $ pour un couple avec deux enfants, pour pouvoir obtenir son visa de résident permanent.
[26] Ceci correspond aux besoins stipulés dans la première partie.
[27] L’immigrant pourra au moyen de la grille fournie au moment de la procédure de présélection déterminer en fonction des critères le moment opportun pour lancer sa candidature.
[28] Pour ce qui est de l’étape correspondant à la demande de certificat de sélection par rapport à la demande préliminaire, Les rubriques scolarité, 2ème spécialité et formations privilégiées ne changent pas. En revanche la connaissance du français est valorisée, tout comme l’expérience ou la profession demandée, la connaissance de la société québécoise, les qualités personnelles ou motivation recherchées.
[29] Source : OMI Paris et OMI Québec.
[30] Par exemple, pour un salaire de 30 000 $ can. annuels, 25 % sont prélevés, pour un salaire de 50 000$ can. 33 % sont prélevés, pour un salaire de 75 000 $ can. 40 % sont prélevés.
[31] Source : Corporate Resources Group, Genève, 1998.
[32] Toutes ces études sont celles qui ont été effectuées par l’Union des Banques suisses en 1997.
[33] Le même type d’intervention est effectué par La Communauté urbaine de Montréal, afin de faire en sorte que les résidents permanents fassent tout pour rester au Québec. La politique d’incitation est donc active. Cet exemple de la ville de Québec est issu du programme d’intégration des immigrants de la ville.
[34] Cet exemple est issu du programme diffusé par la chaîne de télévision Arte en mai 1999 et intitulé “ Québec cherche Français ”.
[35] Ces 16% correspondent à l’enquête présentée plus haut, effectuée par croisement des fichiers de revenu et d’assurance maladie.
[36] Cette fiche est présentée en annexe.
[37] Ces chiffres correspondant à l’enquête ont été présentés par M. Decoux, stagiaire à l’Ambassade de France à Ottawa dans un rapport sur la question.
[38] Voir à ce titre l’annexe XII. Toutefois, au niveau fédéral, certaines embûches peuvent être aussi issues des immigrants qui ont effectué une immigration temporaire : en effet il n’est pas possible de travailler sans permis de travail, même pour un stage non rémunéré. Car le quota de 200 prévu entre les deux autorités est très bas, la situation est très peu favorable pour les jeunes Français même désireux de ne rester au Canada que durant le temps de leur stage : ceci peut entraîner le risque de faire certaines activités dans l’illégalité, en situation irrégulière, avec un risque d’expulsion du territoire. Et pourtant, la situation inverse, à savoir le travail des jeunes canadiens en France, n’obéit pas à des règles réciproques car il n’y a besoin d’aucune autorisation de travail pour eux.